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rougeâtre, se détachent à peine du sol avoisinant. Ils trouvent
de magnifiques terres de culture dans leurs longues vallées et ne
sont point astreints au pénible labeur du Kabyle, qui utilise le
moindre lambeau cultivable sur les flancs de ses montagnes.
L'habitant de l'Aurès est un
sédentaire, un cultivateur de montagnes, mais non un montagnard
dans le vrai sens du mot.
La physionomie de l'Aurès est très
variable. Lorsqu'on l'aborde par le sud, en venant de Biskra par
exemple, on traverse d'abord pendant deux journées de marche un
pays d'une affreuse désolation.
Le sentier tantôt serpente entre des
falaises d'argile, tantôt s'élève péniblement sur une roche
glissante de craie blanche, pour redescendre par des escaliers de
pierres roulantes; nulle végétation, ni broussaille, ni gazon.
Les villages sont rares ; on les appelle
communément des oasis de montagnes. En effet, ce sont bien des
oasis dans un désert, et rien n'est plus triste que le désert de
la montagne, tandis que les immenses horizons et les vastes espaces
prêtent un si grand charme aux plaines sahariennes.
Dans le cœur de l'Aurès, au contraire,
les vallées présentent une superbe perspective de cultures de
céréales, qui se succèdent sans interruption et attestent la
richesse et l'intelligente activité des habitants. Les flancs des
montagnes ont quelques arbres. Les villages sont serrés.
Dans le nord enfin, des plateaux
fertiles, à plus de 1000 mètres d'altitude, couverts de neige
pendant une partie de l'hiver, rappellent, par leur climat et par
leurs productions, certaines contrées du centre de la France. De
belles forêts couronnent encore quelques sommets ;
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elles disparaissent malheureusement chaque jour, non pas
détruites par une dévastation inconsciente des hommes, mais
mourant naturellement, frappées, disent les Arabes, d'une
malédiction céleste. Les pentes du
Chelia portaient autrefois des cèdres superbes. Quelques-uns
seulement ont encore conservé une touffe de branches vertes à
leurs cimes, mais la plupart sont desséchés. Les arbres géants
sont encore debout, sans écorce, sans feuillage ; d'autres,
violemment renversés par l'ouragan, gisent comme de gigantesques
cadavres aux membres tordus. Il en est de tous les âges. Ce
ne sont point les ancêtres de la forêt qui sont morts de
vieillesse; au contraire, on dirait qu'ils ont résisté plus
longtemps, tandis que chez les autres la sève s'est plus rapidement
tarie. Quelle est la cause qui fait
périr ces arbres? On a constaté, comme nous l'avons dit, même
depuis cinquante ans, la disparition graduelle des eaux, l'asséchement
des puits et des sources; mais les neiges de l'hiver couvrent
cependant toujours les grandes montagnes de l'Aurès et fourniraient
aux forêts une alimentation suffisante. Quoi
qu'il en soit, les arbres se retirent peu à peu des pentes
inférieures, et la destruction gagne successivement les sommets. Ce
n'est pas sans mélancolie que l'on traverse ces forêts mourantes. Quatre
grandes vallées creusent 1e massif de l'Aurès, Ce sont celles de
l'oued el-Kantara, de l'oued Abdi, de l'oued el-Abiod et de l'oued el-Arab. Oued
el-Kantara. - L'oued el-Kantara descend du plateau même de
Batna. Sa vallée est suivie par la route et par |
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