Pages précédentes GÉOGRAPHIE MILITAIRE  LIVRE VI ALGÉRIE et TUNISIE Pages suivantes
 - 196 -  Retour page Table des matières  - 197 -
   
   rougeâtre, se détachent à peine du sol avoisinant. Ils trouvent de magnifiques terres de culture dans leurs longues vallées et ne sont point astreints au pénible labeur du Kabyle, qui utilise le moindre lambeau cultivable sur les flancs de ses montagnes.

L'habitant de l'Aurès est un sédentaire, un cultivateur de montagnes, mais non un montagnard dans le vrai sens du mot.

La physionomie de l'Aurès est très variable. Lorsqu'on l'aborde par le sud, en venant de Biskra par exemple, on traverse d'abord pendant deux journées de marche un pays d'une affreuse désolation.

Le sentier tantôt serpente entre des falaises d'argile, tantôt s'élève péniblement sur une roche glissante de craie blanche, pour redescendre par des escaliers de pierres roulantes; nulle végétation, ni broussaille, ni gazon.

Les villages sont rares ; on les appelle communément des oasis de montagnes. En effet, ce sont bien des oasis dans un désert, et rien n'est plus triste que le désert de la montagne, tandis que les immenses horizons et les vastes espaces prêtent un si grand charme aux plaines sahariennes.

Dans le cœur de l'Aurès, au contraire, les vallées présentent une superbe perspective de cultures de céréales, qui se succèdent sans interruption et attestent la richesse et l'intelligente activité des habitants. Les flancs des montagnes ont quelques arbres. Les villages sont serrés.

Dans le nord enfin, des plateaux fertiles, à plus de 1000 mètres d'altitude, couverts de neige pendant une partie de l'hiver, rappellent, par leur climat et par leurs productions, certaines contrées du centre de la France. De belles forêts couronnent encore quelques sommets ;

    

 

   

elles disparaissent malheureusement chaque jour, non pas détruites par une dévastation inconsciente des hommes, mais mourant naturellement, frappées, disent les Arabes, d'une malédiction céleste.

Les pentes du Chelia portaient autrefois des cèdres superbes. Quelques-uns seulement ont encore conservé une touffe de branches vertes à leurs cimes, mais la plupart sont desséchés. Les arbres géants sont encore debout, sans écorce, sans feuillage ; d'autres, violemment renversés par l'ouragan, gisent comme de gigantesques cadavres aux membres tordus. Il en est de tous les âges.

Ce ne sont point les ancêtres de la forêt qui sont morts de vieillesse; au contraire, on dirait qu'ils ont résisté plus longtemps, tandis que chez les autres la sève s'est plus rapidement tarie.

Quelle est la cause qui fait périr ces arbres? On a constaté, comme nous l'avons dit, même depuis cinquante ans, la disparition graduelle des eaux, l'asséchement des puits et des sources; mais les neiges de l'hiver couvrent cependant toujours les grandes montagnes de l'Aurès et fourniraient aux forêts une alimentation suffisante.

Quoi qu'il en soit, les arbres se retirent peu à peu des pentes inférieures, et la destruction gagne successivement les sommets. Ce n'est pas sans mélancolie que l'on traverse ces forêts mourantes.

Quatre grandes vallées creusent 1e massif de l'Aurès, Ce sont celles de l'oued el-Kantara, de l'oued Abdi, de l'oued el-Abiod et de l'oued el-Arab.

Oued el-Kantara. - L'oued el-Kantara descend du plateau même de Batna. Sa vallée est suivie par la route et par

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes