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le chemin de fer de Batna à Biskra. Il arrose les cultures des
villages d'el-Ksour, d'Aïn Touta, des Tamarins, où la colonisation
commence à prendre pied. C'est le grand collecteur des versants
occidentaux de l'Aurès. Son principal affluent de gauche, en amont
d'el-Kantara, est l'oued Fedala. A el-Kantara, il traverse
une des rides extrêmes de l'Aurès. Cette cluse est extrêmement
remarquable; c'est la porte du Sud (Foum esSahara, la bouche du
Sahara), large d'une quarantaine de mètres au plus, entre deux
murailles de rochers ; d'un côté, ce sont encore les
Hauts-Plateaux, leur climat relativement froid, avec les cultures
européennes ; de l'autre, c'est déjà le Sahara, avec ses oasis,
ses palmiers, ses cultures tropicales. De part et d'autre de cette
muraille, large d'un kilomètre environ, la température présente
des écarts constants de plusieurs degrés. Une voie romaine
traversait ce passage et, à sa partie la plus resserrée, passait
de la rive droite à la rive gauche de la rivière sur un beau pont
de pierres; de là le nom d'el-Kantara donné par les Arabes au
passage et aux oasis voisines. Le pont a été restauré comme
souvenir archéologique, mais la route moderne, tracée sur la rive
gauche, ne l'utilise pas.
Les eaux de l'oued el-Kantara arrosent
plus bas les cultures de belles fermes françaises : ferme Rose,
ferme Dufour. Celleci est près du village d'el-Outaya.
La plaine d'el-Outaya a jadis porté plus
d'une centaine de fermes romaines. Sa fertilité est remarquable
partout où l'eau ne fait pas défaut. Près d'el-Outaya sont des
collines de sel éruptif (djebel Melah), exploité pour les besoins
locaux.
On trouve d'abondants pàturages au sud-ouest, dans la daya de Sildjen.
Après avoir reçu (r. g.) l'oued Melah
et l'oued et-Abdi, l'oued el-Kantara contourne, à l'est, les
collines du djebel bou Ghezal et descend dans la plaine de Biskra.
La route franchit cette dernière ride
des chaînes sahariennes au col de Sfa, du sommet duquel on a la
première vue sur le Sahara. Au premier plan sont les vastes jardins
de Biskra. Puis, de distance en distance, de nombreuses petites
oasis,
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pareilles à des îles au milieu de l'Océan, pointent de leur
sombre verdure l'immense plaine saharienne.
Biskra 1, « la perle du désert» (Ad
Piscinam des Romains), est le centre et comme la capitale des
oasis des Ziban. C'est le siège du commandement militaire des
nomades du bassin du chott Melghir. Riante petite ville, avec de
beaux jardins bien arrosés, sous un ciel toujours pur, c'est une
des résidences d'hiver les plus agréables de l'Algérie. Aussi la
douceur de son climat y attire de nombreux touristes; des villas de
plaisance v ont même été créées et y sont entretenues à
grands frais, mais l'été y est brûlant pendant les mois de
juillet à septembre. Les nomades, qui campent très nombreux dans
ses environs, remontent alors sur les plateaux, et il n'y reste
plus que la garnison française, les agents administratifs,
quelques commerçants, là plupart israélites, retenus par leur
négoce, et ceux qui, trop pauvres, ne peuvent suivre les caravanes
dans leurs migrations. On ne compte à Biskra que 150 Français.
L'oasis renferme environ 140,000 palmiers.
Deux grandes familles rivales se partagent l'influence sur les
populations du cercle de Biskra : la famille des Ben Ganah et celle
d'Ali Bey. L'une et l'autre sont puissamment riches. Ali Bey passe
pour un des plus grands propriétaires de l'Algérie.
Parallèlement à l'oued el-Kantara sont les vallées moins
importantes de l'oued Fedala et de l'oued Melah, ses affluents de
gauche. Ce dernier se dégage des montagnes près du village des
Beni Fernah.
Vient ensuite la grande vallée de l'oued Abdi.
Oued Abdi. - La vallée de l'oued Abdi (oued Daoud) a ses
têtes au kef Mahmel, près du col d'Aïn Kafar, par lequel passe
le chemin de Batna à Medina. Cette position commande ainsi la
vallée de Medina et celle de l'oued Abdi. La vallée est
1 Latitude, 36° 47'; altitude, 444 mètres;
température moyenne, 22° 9', avec des écarts de + 3° en
février et de + 46° en juillet. |
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