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d'une eau saumâtre; il résiste au sable; il résiste aux ouragans
du désert, qui dessèchent toutes les plantes autour de lui.
Ses fruits forment la base de la
subsistance des populations sahariennes et servent presque seuls aux
échanges pour les produits dont elles manquent; ils donnent non
seulement l'aisance, mais ils créent la richesse.
Son bois fournit les seuls matériaux
dont on dispose pour la construction des maisons et le coffrage des
puits.
L'ombrage des arbres protège, en outre,
les champs d'orge qui fournissent le fourrage des chevaux, en petit
nombre d'ailleurs, chez les nomades du Sud. On récolte aussi des
blés hâtifs, des luzernes, quelques légumes. Les arbres fruitiers
du Tell peuvent y vivre.
Les pâturages du désert nourrissent les
troupeaux de moutons et de chameaux qui donnent la laine pour les
vêtements et la matière première pour les tentes. Le désert
suffit donc, â la rigueur, à la plupart des besoins de cette
civilisation rudimentaire.
Mais le nomade ne cultive point lui-même
ses jardins. Il en confie le soin à des fermiers, khammès,
qui forment une population sédentaire très différente des tribus
arabes par ses habitudes, par son genre de vie, et souvent aussi par
ses origines ethniques. Ce sont des Berbères ou des métis noirs et
berbères, comme les Rouagha de l'Oued-Righ.
Ceux-ci sont les seuls qui résistent aux
chaleurs de l'été et aux miasmes paludéens qu'elles développent
dans les terres irriguées; en général, du reste, les ksouriens
sont chétifs et d'aspect misérable, débilités par un climat
énervant, atteints fréquemment de maladies d'yeux causées par le
sable et par la réverbération de la lumière, tandis que, par ses
migrations, le nomade se soustrait, pendant l'été,
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aux influences morbides des oasis. Il vient seulement camper près
de ses jardins au moment de la fécondation des dattes 1
et au moment de leur récolte.
Oued-Righ. - A 207 kilomètres au sud de Biskra sont les
oasis de l'Oued-Righ, dont Tougourt est le centre. Elles
sont irriguées par les eaux des nappes qui forment, en quelque
sorte, le delta souterrain des vallées de l'oued Igharghar et de
l'oued Mia.
L'oued Igharghar et l'oued Mia sont deux grandes vallées
desséchées depuis de longs siècles; la première prend naissance
dans les montagnes du Ahaggar, la seconde descend des plateaux de
Tedmaïd, au nord d'Insalah. Au-dessous de ces vallées sèches,
les eaux se sont creusé des canaux souterrains et les forages
artésiens peuvent les ramener à la surface.
Tougourt fut occupé pour la première fois au mois de
décembre 1854 par le colonel Desvaux, à la suite d'un vigoureux
combat livré à Megarin par le commandant Marmier, à un chérif
qui depuis longtemps insurgeait le pays. On y installa un caïd et
on y laissa une garnison de tirailleurs.
La paix y fut maintenue jusqu'en 1871. A cette époque,
l'insurrection du Tell eut son contre-coup dans le Sahara. Tougourt
fut enlevé et la petite garnison de tirailleurs massacrée.
L'ordre y fut rétabli peu de temps après.
Tougourt est une ville de 2,000 hab. avec une oasis de 170,000
palmiers (alt. 60m),
1 La fécondation des dattes se fait artificiellement,
au mois d'avril, époque de la floraison, en introduisant dans
l'enveloppe qui renferme la grappe des fruits femelles, une branche
de fleurs cueillie sur les palmiers mâles. Un palmier est en
rapport, à l'âge de huit ans; il donne un rendement moyen de 15
kilogrammes de dattes d'une valeur de 3 francs. L'impôt est
établi sur chaque arbre, et, suivant les localités, varie de 0
fr. 20 à 0 fr. 40. |
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