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feuillage verdoyant de quelques broussailles qui persistent à vivre.

La cuvette saharienne se compose de deux bassins; une ride orographique, le djebel Albeg, entre Insalah et Goléa, sépare la vallée de l'oued Seggueur orientée du nord au sud, de celle de l'oued Mia, orientée du sud au nord. Cette arête marque donc le partage des eaux entre deux systèmes hydrographiques distincts.

Dans le premier de ces bassins, les eaux descendent des massifs neigeux du Maroc, des montagnes des Ksour ou du Djebel-Amour oranais. Les oueds sont dirigés du nord au sud et quelques-uns de ceux qui descendent des montagnes marocaines reçoivent une alimentation suffisante pour que les eaux coulent à l'air libre jusqu'à la région des Areg.

Dans le deuxième bassin, les oueds sont, au contraire, dirigés du sud au nord; ils viennent du Touat ou des monts du Ahaggar. Ils convergent vers une même région, qui est l'oasis de l'Oued-Righ, véritable delta d'embouchure de l'oued Igharghar, dans le chott Melghir.

Laghouat se trouve au point de divergence des eaux des deux bassins; de là son importance au point de vue géographique comme au point de vue militaire.

L'Algérie vient à peine d'émerger des eaux.

Des sommets qui forment la bordure septentrionale des Plateaux, le regard s'étend au sud vers un horizon sans limites. C'est l'infini de la mer. Les îlots de montagnes, les mirages des chotts ajoutent encore à cette illusion.
Lorsque l'on s'élève sur les derniers cols de la Chaîne saharienne, c'est encore l'immensité de l'océan que

    

 

   

 

l'œil croit sonder ; et cette impression est si puissante, si spontanée, que les premiers de nos soldats, qui descendirent vers le sud, saluèrent, dit-on, le désert africain par ces cris : La mer ! la mer !

Que l'on voyage dans le Tell, que l'on traverse les massifs montagneux de la Kabylie ou de l'Aurès, que l'on se perde dans les solitudes des Plateaux ou du Sahara, partout on reconnaîtra les traces du passage récent de masses océaniques énormes qui, abandonnant leurs anciens lits, par suite de quelque rupture d'équilibre, se sont ruées avec une force effroyable et une vitesse prodigieuse, abattant leurs rivages, sculptant ici des falaises gigantesques, déposant là de véritables montagnes de limon et de cailloux roulés.

A ce cataclysme a dû succéder une assez longue période de calme, pendant laquelle les eaux ont déposé leurs sédiments dans les bassins temporaires qu'elles avaient remplis; mais l'assèchement s'est continué lentement; les grands lacs se sont vidés à leur tour; les rivières ont roulé un moins grand volume d'eau; quelques-unes se sont définitivement taries.
Cet appauvrissement a dû être très rapide, et, de notre temps même, on constate encore, à quelques années de distance, le dessèchement progressif des puits et l'affaiblissement des sources.
C'est ainsi qu'il a fallu, par des forages artésiens, rendre la fécondité aux oasis de l'Oued-Righ dont l'eau s'était retirée.
Or, depuis que ces puits sont ouverts, les uns qui étaient jaillissants ne sont déjà plus qu'ascendants; partout le niveau a baissé 1.

1 Cet assèchement est particulièrement constaté dans la partie orien­tale du département de Constantine. Les puits de Batna diminuent

 
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