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   conduisent les caravanes du Soudan au Touat, du Touat à la Tripolitaine. Maintenant que les marchés de l'Algérie sont fermés à l'écoulement de la marchandise humaine, ces caravanes se dirigent naturellement vers les pays musulmans, le Maroc ou la Tripolitaine.

On peut résumer ainsi l'état social de ces populations:
une noblesse guerrière, jalouse de ses privilèges, Djouad ou Ihaggaren, n'ayant d'autre respect que celui de la force, d'autre souci que la liberté;
une sorte de bourgeoisie, relativement nombreuse, représentée par les Amghad, inféodés et absolument dévoués à leurs seigneurs;
enfin, les esclaves, dont la situation est assez douce.

Les Djouad ont pour principale ressource les droits de péage qu'ils perçoivent sur les caravanes; moyennant cette redevance, les caravanes s'assurent la protection des chefs pendant la traversée de leur territoire, mais ceux-ci ne se font pas scrupule de les attaquer et de les dévaliser dès qu'elles sont sur le territoire voisin.

Les Touareg n'ont pas de chevaux. Leurs armes ordinaires sont la lance, le sabre, une sorte de poignard à large lame, et le fusil. Ils portent, pour se garantir du sable, un voile noir sur la figure, et ne le quittent jamais.

Leurs femmes ont au contraire le visage découvert.

Les Touareg sont divisés en un grand nombre de tribus qui forment quatre groupes principaux que l'on distingue en Touareg du Nord et Touareg du Sud.

Les Touareg du Nord comprennent les Azdjer ou Azgar, à l'est, et les Ahaggar ou Hoggar, à l'ouest. Les Touareg du Sud comprennent les Kel Ouï, qui vivent autour des montagnes de l'Aïr, et les Aouélimmiden,

    

 

   

qui parcourent le pays entre le Maroc et le Niger.

Les Azdjer reconnaissent une sorte de suzeraineté du pacha de Tripoli, qui, en 1875, a fait occuper Rhat par un poste turc.

Les Ahaggar, au contraire, se rattachent aux centres religieux du Maroc, c'est-à-dire qu'au Touat et à l'ouest, on fait la prière du vendredi au nom du sultan du Maroc, tandis que, chez les Azdjer et à l'est, on la fait au nom du sultan de Constantinople.

Ces diverses fractions n'ont aucune liaison entre elles; les chefs ne jouissent que d'un pouvoir limité et fort éphémère; ils ne se croient nullement liés par les conventions faites avec leurs prédécesseurs. Ils sont continuellement en guerre les uns contre les autres, particulièrement les Ahaggar et les Azdjer.

Ce sont les chefs des Azdjer qui accueillirent et protégèrent M. Duveyrier pendant son voyage; mais, en 1874 et en 1876, ils avaient subi plusieurs défaites; aussi leur puissance était-elle bien déchue lorsque commença l'expédition du colonel Flatters, qui comptait sur leurs sympathies.\

Première expédition du colonel Flatters 1

- Le 5 mars 1880, le colonel Flatters partit d'Ouargla. Il dépassa Temassinin (469 kil.), zaouïa de Sidi Moussa, dont le tombeau est à côté, et poussa, à 6 jours de marche, 264 kil. plus loin, dans la direction de Rhat, jusqu'au lac

1 Cette mission se composait de 10 membres formant le personnel scientifique, 15 ordonnances français, 30 indigènes d'escorte, 60 chameliers, 14 chevaux, 250 chameaux. Le convoi portait 4 mois de vivres et 10 jours d'eau.
- Voir : Exploration du Sahara et les deux missions du lieutenant-colonel Flatters, par le lieutenant-colonel Derrécagaix (Bull. de la Société de Géographie).

 
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