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Menkhoug 1. Son but n'était pas d'aller à Rhat, mais,
au contraire, d'appuyer plus à l'ouest. Ses guides chambaâ mettaient
cependant une grande insistance à ne pas se rapprocher du Touat,
et, malgré ses efforts, il ne pouvait entrer en relations avec les
chefs Touareg. Étant donnée l'impossibilité de les rencontrer, et
la saison s'avançant, la mission revint sur ses pas (21 avril).
Deuxième expédition du eollonel Flatters.
- Le colonel Flatters repartit d'Ouargla
au mois de décembre 1880, avec une nouvelle mission 2,
en se dirigeant par la vallée de l'oued Mia sur Insalah par Hassi
Inifel (alt. 305m), à 170 kilomètres sud-est de Goléa.
A partir de ce point, la mission remonta
la vallée de l'oued Insokki jusqu'à Hassi Insokki (alt. 415m).
On fut alors encore obligé par les
guides à incliner à l'est pour éviter le Touat. On passa par
Hassi Messeghen 3, sur la route d'Insalah à Ghadamès,
suivie par Rohlf's en 1864, et ordinairement pratiquée par les
pèlerins de la Mecque; on rejoignit à Amguid la vallée de l'Igharghar
à travers un affreux pays sans eau.
Les dernières nouvelles que l'on reçut du colonel Flatters
étaient datées du 29 janvier 1881, d'Inziman Tighsin, point voisin
de la sebkha d'Amadghor, à 25° 30' de latitude nord.
1 Le lac
Menkhoug (26° 25' lat. nord; 5° 35' long. est: alt. 840 m.
Température + 32°. Environ 500 mètres de côté, 4 à 5 mètres
de profondeur. Eau très bonne. Nombreux poissons.
2 Cette deuxième mission comprenait 7 membres, 2
sous-officiers, 2 ordonnances français, 47 tirailleurs indigènes,
31 Arabes des tribus, 7 guides chambaâ et 1 mokaddem de l'ordre de
Tedjini ; total, 97 personnes, 280 chameaux portant 4 mois de vivres
et 8 jours d'eau. On emmenait 3 juments destinées à être données
en présent.
L'absence de chevaux motivée par la difficulté de transporter leur
nourriture, était une cause de faiblesse qui eut les conséquences
les plus graves.
3 Hassi Messeghen, à 670 kil. d'Ouargla, 28° lat, nord,
2° long. est; ait. 365 m.
Amguid, 26° lat. nord, 3° long. est; alt. 595 m.
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Quelque temps après, on apprenait que la mission avait été traîtreusement
attaquée par les Touareg au puits d'el-Gharama (environ 23° lat.
nord).
Les renseignements recueillis près des quelques hommes qui
revinrent successivement, permirent de reconstituer les derniers et
navrants épisodes de ce drame 1.
Le camp avait été établi à environ 18 kilomètres du puits. Le
colonel Flatters et trois des membres de la mission s'étaient
rendus au puits. Ils avaient été surpris et massacrés. Les
chameaux avaient été enlevés, les guides avaient disparu, et une
dizaine d'hommes avaient été tués en combattant.
Il restait 56 hommes, dont 1 officier, M. le lieutenant de Dianous.
Ils reprirent aussitôt la route d'Ouargla, sans vivres, sans
moyens de transport, épuisés de fatigues et de privations.
Épiés par les Touareg, qui massacrent les hommes isolés,
plusieurs succombent dès les premiers jours. D'autres sont rendus
presque fous par des dattes empoisonnées que leur vendent quelques
Touareg. Il faut livrer combat à Amguid; M. de Dianous et
plusieurs hommes sont tués; M. l'ingénieur Santin et d'autres ont
disparu. Il reste 31 hommes sous la direction du maréchal des
logis Pobéguin. Malade, incapable de marcher, n'exerçant plus
qu'une autorité insuffisante, la désunion se met dans sa petite
troupe. Quelques-uns s'enfuient avec trois des chameaux sur les
quatre qui restaient. On ne mange plus que des débris d'animaux
morts, trouvés sur la route. Quelques hommes meurent de faim. Des
discussions s'élèvent parmi ces malheureux, ils s'entretuent et
se nourrissent de la chair de ceux qui sont tués. Pobéguin
mourant est achevé.
Enfin, le 1er avril, 12 hommes, les derniers survivants, arrivent
à Messeghen. Ils y furent recueillis par des cavaliers du maghzen
d'Ouargla, où la nouvelle du désastre de la mission avait été
apportée, quelques jours avant, par quatre des hommes qui en
faisaient partie.
1 Capitaine Bernard, Deuxième mission Flatters;
historique et rapport rédigés au service central des affaires
indigènes. Alger, 1882. |
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