Pages précédentes GÉOGRAPHIE MILITAIRE  LIVRE VI ALGÉRIE et TUNISIE Pages suivantes
 - 234 -  Retour page Table des matières  - 235 -
   
  

Plusieurs hommes isolés, qui avaient échappé au massacre, revinrent longtemps après par Ghadamès, par Tripoli, et par le Gourara.

Ce désastre pouvait être prévu; les lettres reçues du chef des Ahaggar avant le départ étaient presque menaçantes, et l'organisation d'une mission, trop faiblement constituée au point de vue militaire, avait, avec raison, inspiré à beaucoup de personnes, et au colonel Flatters lui-même, des craintes qui n'étaient que trop justifiées.

Cependant, trop confiant dans des guides qui le trahissaient, il était tombé dans le piège qu'on lui avait tendu. En fractionnant sa caravane et en se séparant d'elle, il avait négligé les mesures de précaution les plus essentielles.

La nouvelle de ce malheur se répandit avec une étonnante rapidité dans tout le Sud. Les premiers bruits en furent apportés par le Sud-Oranais; presque simultanément le consul de France à Tripoli en était informé par Rhat et par Ghadamès.

Des missionnaires français se rendant de Ghadamès à Rhat furent massacrés quelques semaines plus tard, et il fallut supprimer les missions religieuses de ces deux villes 1.

Le prestige de la puissance française, fort compromis par cet insuccès, ne pourra être rétabli que par un châtiment difficile à infliger. Il ne serait pas impossible de tirer parti des haines qui divisent les populations du désert et d'organiser de fortes expéditions exclusivement indigènes, des djich ou harka, avec les Chambaâ, les Larbaâ, les Oulad Nayl, pour les lancer en razzia sur le Touat et contre les Touareg;

1 La liste nécrologique n'est pas close : en 1886, le lieutenant Palat fut assassiné au Touat, près des oasis de Timmi; en 1889, M. Doulz périt de même au Touat, près d'Akebli.

    

 

   

mais les conséquences de ces expéditions seraient absolument stériles au point de vue de l'extension de notre influence, de notre autorité, et de nos relations. On s'est demandé s'il n'y aurait pas mieux à faire; s'il n'y aurait pas lieu de reprendre tôt ou tard une opération militaire régulièrement organisée, et qui, en établissant d'une manière durable notre autorité dans le Sahara, ouvrirait, pour l'avenir de notre expansion, les routes du Soudan.

On ne peut dire que cette entreprise soit irréalisable; la supériorité de notre armement en assurerait facilement le succès militaire, et des précautions bien prises permettraient le ravitaillement de colonnes auxquelles il ne serait pas nécessaire de donner un effectif très élevé 1.

La principale question à poser est une question d'opportunité.

Pays des Touareg. -Le pays des Touareg, c'est-à-dire la région comprise entre le Sahara algérien et Timbouctou, n'est connu que par des renseignements encore insuffisants.

Elle est encadrée, à l'ouest, par l'itinéraire de René Caillié, de Timbouctou au Tafilet (1828) ; à l'est, par celui du docteur Barth, de Rhat à Tin Telloust et Sokoto (1854); au nord, elle est traversée, de l'ouest à l'est, par les itinéraires de Rohlf's, du Tafilet par Insalah à Ghadamès (1864), et par ceux de Duveyrier, de Ghadamès à Rhat (1861). Enfin, les itinéraires des deux expéditions Flatters la pénètrent entre Insalah et Rhat, jusqu'au 23° de latitude.

La ligne de partage entre le versant nord ou méditerranéen et le versant sud, bassin du Niger et du lac Tchad, paraît être formée par une suite de hauteurs appelées : Plateau d'Azdjer, au sud de Rhat (vers 24° lat. N.), ayant de 12 à 1500m d'altitude;

1 Voir: La Conquête pacifique de l'Intérieur africain, par le général Philebert. - Paris, Leroux, 1889.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes