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Espagnols 1. - Dans le
groupe européen étranger, la supériorité numérique appartient
aux Espagnols; ils forment les 3/5 de la population étrangère et
le 1/4 de la population civile européenne. Leur densité croit de
l'est à l'ouest :
3,894 dans le département de Constantine;
42,043 dans le département de d'Alger;
68,383 dans le département de d'Oran, où l'on ne compte que
58,085 Français. Leur centre principal est Sidi bel Abbès.
Il ne faut qu'une vingtaine d'heures et
un bon vent, pour amener les balancelles d'Espagne sur les côtes
oranaises; le paquebot met huit heures de Carthagène à Oran.
Dans toute la partie occidentale de la
province d'Oran, à l'exception de Tlemcen, presque toutes les
villes et les villages sont espagnols. A Oran, à Sidi bel Abbès,
à Saint-Denis-du-Sig, le nombre des Espagnols est tellement
considérable que l'on n'entend presque jamais dans les rues un son
de notre langue. A la suite des massacres des ouvriers des chantiers
d'alfa, au début de l'insurrection de 1881, les Espagnols étaient
partis en masse; mais ils sont revenus depuis lors en plus grand
nombre. La misère et la famine, qui sévissent d'une manière
presque continue dans les provinces d'Alméria, d'Alicante, de
Valence, les chassent sur nos côtes hospitalières, où ils sont
sûrs de trouver un travail rémunérateur. En 1882, d'après les
renseignements fournis par le consulat d'Espagne, il en est arrivé,
dans le seul port d'Oran, une moyenne de 53 par jour. Tous ne
restent pas, à vrai dire; un grand nombre, les quatre cinquièmes
environ, viennent seulement faire les récoltes, puis s'en
retournent au pays. Cet afflux constant de nouveaux émigrants
exerce une action réelle sur les Espagnols qui sont déjà fixés
dans la colonie, et fortifie les liens qui les rattachent à la
mère-patrie.
La plupart sont des hommes à mœurs
rudes, souvent turbulents, d'ailleurs énergiques, durs au travail,
s'accommodant au labeur le plus pénible. Quelques-uns se fixent
dans la colonie
1 D'après les calculs antérieurs à
1881.
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mais un très petit nombre seulement sollicitent la naturalisation.
En vertu de la convention consulaire du 7 janvier 1862, sont
naturalisés de droit, s'ils le demandent, ceux qui optent pour le
service militaire en Algérie (154 en 1880 et en 1881).
Les gens des Baléares, les Mahonais, comme on les appelle
indistinctement, ne font pas corps avec les Espagnols. Ils sont de mœurs
plus paisibles. Excellents maraîchers, très laborieux, ils
constituent certainement le groupe le plus estimable de l'élément
étranger.
Italiens. - Les Italiens sont en grand nombre dans la
province de Constantine, et, à l'inverse des Espagnols, leur
densité décroît de l'est à l'ouest; la plupart des pêcheurs et
mariniers sont Napolitains ou Siciliens; les Sardes sont
cultivateurs; les Piémontais fournissent la majeure partie de la main-d'œuvre
pour les terrassements.
La population italienne est pauvre, besoigneuse, se nourrit mal;
ses mœurs sont grossières; elle pullule néanmoins.
Maltais. - Les Maltais ne se dépaysent guère en venant en
Algérie; ils sont ordinairement jardiniers ou petits commerçants,
et prospèrent généralement.
Quant aux autres nationalités, elles sont trop faiblement
représentées pour qu'elles aient un rôle distinct à jouer.
Il est certain que l'œuvre de la colonisation a été puissamment
aidée par le concours de ces ouvriers étrangers; il n'en est pas
moins vrai aussi que leur nombre toujours croissant, et tendant à
dépasser la population française, constitue un embarras dans le
présent et un péril pour l'avenir; mais on peut espérer
toutefois que les mariages mixtes, qui sont assez fréquents
surtout entre Français et étrangères, le développement de
l'instruction dans les écoles françaises, la persistance des
familles pendant plusieurs générations sur le même sol,
amèneront une fusion naturelle au profit des intérêts français,
à moins qu'il ne se forme un peuple nouveau, les Algériens, qui
se particulariserait de plus en plus, comme se sont particularisés |
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