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Les Coulouglis descendaient de
l'union des Turcs avec les femmes du pays. C'était une population
brave, maintenue par les Turcs dans une position subalterne, mais
qui les servait pourtant avec bravoure.
Ils ont été les premiers auxiliaires
des Français, mais ils disparaissent peu à peu comme population
distincte et se fondent avec les Maures.
Les Nègres, amenés en grand
nombre du Soudan, étaient vendus comme esclaves sur les marchés du
Sahara; mais, en général, on les traitait avec douceur, on les
convertissait à l'islamisme, on les affranchissait volontiers; les
négresses devenaient les femmes de leurs maîtres, et leurs enfants
naissaient libres. (La famille régnante au Maroc a du sang noir.)
Il s'établissait souvent entre maîtres
et serviteurs des liens d'affection étroite et de dévouement
réciproque dont on cite les exemples les plus touchants.
L'esclavage en Algérie n'avait donc rien des formes brutales de
l'esclavage antique, ni surtout de l'esclavage américain moderne.
Les nègres forment toujours une
population laborieuse ; ils s'emploient d'ordinaire aux travaux
manuels. Dans les oasis du Sud, les nègres ou les métis sont les
seuls qui puissent résister aux chaleurs sahariennes et aux
influences morbides des miasmes des bas-fonds.
Les Israélites sont très
nombreux. Ils descendent en partie des juifs de la dispersion, mais,
en plus grand nombre encore, de prosélytes de différentes races,
renforcés au XIVème et au XVème siècle par l'émigration des
juifs d'Espagne; ceux-ci acquirent bientôt une grande
prépondérance.
Le juif africain ne se trouve plus guère
que dans le
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Sud. Dans le Tell, dans les villes surtout, l'élément espagnol
domine. Les juifs ont été maintenus par les Turcs dans une
condition très humiliée; l'Arabe professe pour eux le mépris le
plus absolu. Comme toutes les races qui ont vécu dans
l'humiliation, ils se distinguent par un esprit particulier et par
des habitudes de dissimulation, parce que la ruse est l'arme des
faibles. Ils ne cultivent pas la terre, mais se l'approprient par
des prêts usuraires, et la font exploiter par l'Arabe
dépossédé. Aussi les sentiments de haine de ce dernier se
développent-ils de plus en plus.
Un décret du gouvernement de la Défense nationale, du 10 novembre
1870, dû à l'influence d'un israélite, M. Crémieux, a
émancipé les juifs algériens et leur a accordé la
naturalisation française avec ses droits et ses charges.
Cette naturalisation en masse d'une population qui n'avait encore
adopté ni nos mœurs, ni nos idées, ni même notre langue, était
tout au moins prématurée; elle a eu des conséquences graves en
nous aliénant davantage encore les Arabes, et a été une des
causes de l'insurrection de 1871.
Elle a eu, en outre, pour résultat de donner aux juifs la
majorité aux élections dans un grand nombre de centres.
Fatalement ils arriveront, presque partout, aux fonctions
administratives électives, et, dans les communes, le traficant
juif, souvent méprisé et méprisable, sera appelé à administrer
les nombreux indigènes qui en dépendent.
Pour ce motif, ceux-ci deviennent, de jour en jour, plus haineux
vis-à-vis de la France, qui leur impose cette humiliation 1,
et cette mesure, sur laquelle il
1 L'Arabe méprise profondément le juif, moins à cause
de la différence |
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