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soutenir longtemps; elle s'affaisse bientôt, et la fuite sera aussi
rapide que l'attaque a été violente. Sous le nom de ksouriens, on
entend les habitants des ksour ou villages du Sud. Soumis aux
nomades, dont ils sont les serviteurs ou les vassaux, méprisés par
eux, d'une autre race peut-être, vivant dans de misérables maisons
sordides et en ruines, ils offrent trop souvent un affligeant
spectacle de déchéance physique et morale.
« La base de l'organisation sociale des
indigènes de l'Algérie est la tribu. La tribu, c'est ce que
l'Arabe peut comprendre, comme collectivité, avec son sens étroit
des intérêts économiques. C'est ce qui peut se grouper facilement
au jour du danger et marcher sous la direction d'un seul 1.
» C'est une réunion de 100 à 500 tentes, et l'on compte en
moyenne 4 ou 5 individus par tente.
Au delà de ce chiffre, la tribu se
fractionne. Les grandes tribus sont en réalité des
confédérations, et les luttes sont fréquentes entre leurs
fractions.
L'éternel dualisme de toute société,
le pour et le contre, s'incarnent généralement en deux familles
qui représentent deux sofs, c'est-à-dire les deux partis entre
lesquels la tribu se divise.
Le pouvoir échoit tantôt à l'un,
tantôt l'autre. Ce dualisme maintient la vie, la tension nerveuse
dans ces républiques en miniature.
Dans le Sahara, comme dans presque tous
les ksour du Sud, les deux partis rivaux prennent le nom de sof
chergui et de sof gharbi, le parti de l'est et le parti
de l'ouest.
1 Colonel
Noëllat, loc. cit.
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Dans les misérables bourgades des ksouriens, une rue, large
seulement d'un ou de deux mètres, sépare parfois des ennemis
acharnés, qui se livrent de sanglants combats.
Les nomades se partagent de même en campements rivaux qui en
viennent fréquemment aux mains.
On a dit que les dénominations de sofs de l'est et de l'ouest
rappellent les anciennes luttes entre les envahisseurs venant de
l'Orient et les populations déjà fixées dans le pays. Si cette
hypothèse est vraie, ces noms ont toutefois perdu toute
signification de cette nature.
C'est sur ces luttes intestines constantes que les anciens maîtres
du pays, Carthaginois, Romains, Turcs, avaient basé leur
politique. Loin de se proposer une pacification impossible, ils se
bornaient, suivant leurs intérêts, à favoriser tantôt les uns,
tantôt les autres.
Quelques milliers de soldats leur suffisaient pour faire pencher la
balance en faveur de leurs protégés du moment.
Cependant, dans les régions où la population est sédentaire,
l'organisation sociale est plus complète, mieux fixée; la famille
est mieux constituée, la propriété mieux comprise.
A la tête de la tribu est le caïd, qui réunit à peu près tous
les pouvoirs. Il est le chef politique, le représentant
responsable de l'autorité française. Il est le chef militaire et
commande les goums lorsqu'ils doivent marcher. Il est enfin le
collecteur des impôts et il est assisté par le cadi, chargé de
rendre la justice.
Cette institution du caïd est commode, parce qu'elle met entre le
commandement et la tribu un intermédiaire responsable; mais elle
est dangereuse également, parce |
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