fixés dans leurs petits villages bâtis en pierre, et les peuplades
errantes du Sahara, qu'entre les montagnes abruptes du Djurdjura,
couvertes de neige pendant trois mois de l'année, cultivées
jusqu'au sommet, et les plaines de sable brûlant du Sahara, où les
chameaux des caravanes trouvent à peine à brouter quelques maigres
broussailles. Les mesures acceptées, sans trop de répugnance, par
les indigènes de race berbère, qui sont monogames et dont les
tendances démocratiques se rapprochent des nôtres, courraient
risque d'être fort mal reçues en dehors du Tell par les chefs des
grandes tentes, qui vivent un peu à la manière des patriarches de
l'Ancien Testament. Ce sont puissances avec lesquelles il faut
continuellement traiter, sans se départir d'une bienveillance
attentive, prête à se faire, au besoin, respecter par des actes
d'énergie 1.
1 D'Haussonville, La colonisation
officielle en Algérie.
|
IV
OCCUPATION MILITAIRE.
En temps ordinaire, lorsque aucune insurrection ne trouble
l'Algérie, il suffit de quelques brigades de gendarmerie et de
quelques pelotons de spahis pour y faire la police. La sécurité
individuelle y est plus grande que dans maintes parties de l'Europe
occidentale. Il faut bien savoir cependant que le calme dont jouit
le pays n'est qu'intermittent. La population indigène est soumise,
mais non pas ralliée.
L'extension du régime civil, la naturalisation en bloc des
israélites, les froissements administratifs, les expropriations qui
chassent les indigènes des terres traditionnellement occupées par
eux, sont les causes principales et constantes qui, pendant
longtemps encore, maintiendront dans les tribus l'esprit de
révolte.
« La société indigène est en état permanent de conspiration
contre nous. Les indigènes du Tell sont soumis en apparence, même
obséquieux; mais cette soumission n'est que superficielle, et une
trop grande confiance préparerait encore, comme en 1871, de graves
mécomptes.
« Pour bien voir les choses, il faut étendre la vue et
considérer que l'Algérie est un point noyé dans le monde musulman
; qu'elle communique, par le sud, avec 12 ou 15 millions d'êtres
élevés et nourris dans la haine même des chrétiens, dont les
rancunes, loin |