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répond plus ou moins à la réalité, et, quand la révolte arrive,
ils ne sont pas à hauteur des difficultés.
« Tout est faux dans ce système, il
nous faut de suite le rejeter bien loin. Abandonnons tous ces soins
fastidieux et inutiles, tous ces semblants d'administration. Que
tous ces nomades s'administrent, se rendent la justice, se marient,
etc., comme ils l'entendent; nous n'avons que deux choses à leur
dire :
« 1° Vous êtes nos tributaires, vous nous payerez l'impôt; sa
répartition, juste ou non, ne nous regarde pas; vous le payerez de
telle quantité, à telle époque;
« 2° Vous respecterez nos nationaux et leurs propriétés.
« A ces deux conditions, nous vous
assurons la libre circulation sur nos marchés, le droit de vous
approvisionner chez nous (et par nationaux, j'entends non seulement
les Européens, mais encore les indigènes que nous avons dénommés
sédentaires ou Kabyles, et que, progressivement, il faut soumettre,
autant que cela sera possible, à toute notre administration).
« Si vous ne payez pas l'impôt, si vous ne respectez pas nos
nationaux, nous vous fermerons nos marchés; et si la faute est
grave, nous nous réservons le droit, et nous avons les moyens, de
vous punir militairement.
« Dans ces conditions, nous aurons vite
la soumission des nomades. Ils se débattront peut-être un peu;
mais, si le système est appliqué avec quelque persistance, ce sera
vite fini.
« Quant aux postes de l'extrême Sud, puisqu'ils existent, il faut
les conserver; mais il faut que ces postes soient seulement des
positions en arrière des campements d'été, des gardiens
vigilants, quand les Sahariens viennent dans le Tell.
« L'extrême Sud est peu à craindre. Le
Souf, Tougourt, le Mzab, Ngoussa, Ouargla, ne sont une grosse
affaire que parée que l'éloignement accroît leur importance.
Toujours une colonne de 400 à 500 baïonnettes suffira pour y
conduire quelques pièces de canon qui en auront facilement raison.
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« Dans les ksour la révolte est locale; elle ne s'étend pas, et
nous pouvons toujours au juste calculer l'effort nécessaire pour
la réduire.
« En tout cas, ce n'est pas une bien grosse affaire que de casser
leurs baraques à coups de canon, et je ne crois pas qu'il soit
nécessaire de le faire souvent. L'idée de faire, de loir en loin,
un exemple de ce genre ne doit pas nous effrayer. Zaatcha a laissé
dans nos esprits des idées exagérées de la difficulté que
présente une opération de ce genre; mais il vaut encore mieux, à
tous les points de vue, avoir tous les dix ans un Zaatcha à briser
à coups de canon, que de courir, comme nous le faisons, après ces
espèces de sauterelles du Sahara. »
Au système d'occupation dont nous venons d'exposer les idées
principales, on peut objecter que, si les tribus nomades du Sud,
qui reconnaissent notre autorité, se trouvent incapables de
résister à des tribus plus puissantes qui se seront insurgées,
elles réclameront notre protection, ou se déclareront obligées
de faire cause commune avec nos ennemis, sous peine de se voir
razziées et détruites.
C'est donc le Sud tout entier qui pourrait un jour se soustraire à
notre domination, si nous ne conservions pas les moyens et si nous
n'avions plus la volonté de lancer quelquefois des pointes hardies
au cœur même du pays révolté.
Ce qui fait notre force en Algérie, c'est la désunion dés
tribus, leur manque d'entente, l'inaptitude des Arabes à concerter
un mouvement d'ensemble; de sorte que les insurrections sont
rarement simultanées.
Nous avons pu, jusqu'ici, non seulement les réprimer, mais encore
opposer les indigènes les uns aux autres, et c'est fort heureux,
car il ne faut pas perdre de vue que la guerre dans le sud de
l'Algérie, et même sur les Hauts-Plateaux, n'est pas possible
sans le concours de l'élément indigène. Il faut non seulement
des conducteurs |
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