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   arabes pour les énormes convois de chameaux qui suivent les colonnes, mais il faut surtout des goums pour les éclairer et même, pour atteindre l'ennemi. Les troupes françaises ne sont, en réalité, qu'une réserve destinée à les soutenir, et, la plupart du temps, impuissante à joindre l'adversaire, à moins que celui-ci, confiant dans une très grande supériorité numérique, ne vienne lui-même offrir le combat.

« A eux seuls, les quelques centaines de cavaliers des Harar, Yacoub, Larbaâ, etc., ont infligé aux dissidents plus de pertes que nos colonnes réunies.

« Sans eux, la guerre est à peu près impossible dans le Sud, car eux seuls sont aussi mobiles que nos adversaires, et, par suite, capables de les atteindre.

« On doit se préoccuper, par conséquent, du maintien en bon état de la cavalerie indigène des goums et du maghzen, c'est-à-dire des cavaliers des tribus qui doivent marcher à notre réquisition. Or, à mesure que la sécurité augmente, les tribus nomades ont moins de chevaux, parce que leur entretien est dispendieux; à cette cause générale et permanente, il faut ajouter certaines causes particulières, notamment des sécheresses prolongées qui ont momentanément privé les nomades de pâturages sur les plateaux, alors qu'il ne leur était plus permis de venir camper dans le Tell. Aussi, la production du cheval arabe devenant insuffisante, l'administration française a dû s'en préoccuper et récemment organiser des haras.

C'est avec la même attention que l'on doit veiller au maintien des troupeaux de chameaux, indispensables pour les transports derrière les colonnes.

En 1881, pendant l'expédition du Sud-Oranais, comme nous l'avons dit précédemment, les rigueurs

    

 

   

du froid et l'excès de fatigue imposée aux animaux réquisitionnés dans les tribus, ont ruiné presque complètement les troupeaux de nombre d'entre elles, et il a fallu longtemps pour qu'elles les reconstituent ¹.

Les opérations militaires dans le Sud dépendent d'une manière très étroite de la bonne organisation de ces convois, véritable train auxiliaire. L'effectif des animaux porteurs doit toujours être considérable, par suite de l'obligation où l'on est d'emporter des approvisionnements d'eau. Le chiffre du convoi varie naturellement suivant la distance où l'on doit opérer des

¹ Le chameau n'est pas un animal infatigable, tel qu'on le suppose assez généralement. Il est vrai qu'il est admirablement adapté à la vie du désert, qu'il fait sa nourriture ordinaire des broussailles ligneuses que ne sauraient broyer les chevaux, qu'il peut rester quelques jours sans boire et même sans manger; mais on ne saurait abuser de lui. Après un mois de travail, il faut le laisser deux mois au pâturage pour qu'il répare ses forces. Il faut connaître les plantes qu'il affectionne, celles qui lui sont nuisibles. La piqûre de certains insectes est mortelle pour lui. Il faut des précautions particulières pour soigner ses maladies et pour le charger. Il faut par conséquent un personnel indigène spécial pour conduire les convois; on doit compter deux chameliers pour charger six ou huit chameaux, au plus. La charge qu'il porte est proportionnelle à son âge; celle d'un chameau adulte ne peut guère dépasser 100 à 120 kilogrammes. L'arrimage de caisses et de tonnelets présente des difficultés particulières, et il arrive fréquemment que les bêtes se brisent les côtes en heurtant leurs charges.

Le chameau est en outre un animal timide, facile à effrayer, et dont le dressage est délicat. Il refuse souvent de marcher pendant les tourmentes de sable si fréquentes dans le Sud.

La journée de marche normale n'est pas supérieure à celle dés chevaux, c'est-à-dire qu'elle varie entre 30 et 50 kilomètres.

Le chameau de selle, ou méhari, marche au trot et peut fournir des courses exceptionnelles de 70 à 100 kilomètres; mais il appartient à une race spéciale. Le méhari diffère autant du chameau ordinaire que le cheval de sang du cheval commun.

 
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