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   puits et des postes de ravitaillement, et selon la durée présumée de l'expédition; mais on compte d'ordinaire un millier de chameaux pour une colonne mixte de 1,500 hommes, c'est-à-dire 800 fantassins, 200 cavaliers, les services auxiliaires, et les goums indigènes

Pour ne pas être à la merci des réquisitions plus ou moins incertaines dans les tribus, on a constitué à Laghouat un équipage permanent de 700 chameaux environ, appartenant à la commune indigène; cette organisation est à imiter dans le Sud-Oranais et dans le Sud de Constantine.

Dans l'extrême Sud, au Mzab et à Ouargla, on organise des Maghzen montés à méhara ¹.

La coopération de l'élément indigène est donc indispensable, d'un côté, pour exploiter les terres de culture du Tell; de l'autre, pour maintenir sous notre autorité les nomades du Sud, et, par conséquent, pour garantir la sécurité de notre colonisation. Il faut également se servir du concours des chefs indigènes pour commander et pour administrer les tribus.

Nous substituer à eux sous prétexte de redresser certains abus qu'ils peuvent commettre, c'est assumer une tâche extrêmement complexe et à laquelle ne saurait suffire le personnel des bureaux arabes.

Au lieu d'imposer notre formalisme administratif étroit aux tribus, trop éloignées des centres européens pour qu'il soit possible de les pénétrer de notre influence et de les désagréger, on a pensé, pendant

¹ Pendant la campagne d'Égypte, Bonaparte avait organisé des régiments de dromadaires à 900 hommes, ayant 750 dromadaires 250 chevaux et pouvant emporter des vivres pour 50 jours.

    

 

   

longtemps, qu'il était préférable de les faire gouverner par leurs propres chefs.

Dans un pays de tradition comme le leur, il pouvait être habile de respecter les privilèges traditionnels des grandes familles et des chefs religieux. En les honorant, en augmentant même leur pouvoir et leurs richesses, on était assuré de les avoir pour auxiliaires.

C'est le conseil que donnait Bonaparte dans ses instructions sur l'administration de l'Égypte. Cette politique, que l'on tend à modifier aujourd'hui, a été longtemps suivie avec succès, et les hommes qui connaissent le mieux l'Algérie la préconisent toujours.

L'expérience du passé montre, en effet, que, depuis de longues années, certaines familles nous sont toujours restées fidèles, et qu'elles ont versé généreusement leur sang pour nous toutes les fois que nous avons fait appel à leur dévouement.

Si quelques-unes ont fait défection, comme les Oulad Sidi Cheikh en 1864, les Mokhrani en 1871, on pourrait en retrouver la cause première dans certaines erreurs de commandement ou d'administration, et surtout dans des froissements d'amour-propre causés à des chefs orgueilleux et susceptibles.

On doit se rendre compte également qu'au delà des postes que nous pouvons militairement occuper d'une manière permanente, il y aura toujours une zone dans laquelle vivront des populations que nous ne pouvons commander directement et qui, cependant, doivent subir notre influence; il nous importe de les surveiller et même de les utiliser contre les ennemis plus éloignés. Le meilleur moyen serait sans doute de nous attacher leurs chefs par certains liens de vassalité et de

 
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