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   nous assurer de leur fidélité par des dignités, des égards flatteurs, des avantages matériels.

Ces agas ou ces bach-agas, comme les comtes ou les marquis du moyen âge, commanderaient nos marches militaires du Sud, au delà de nos postes des montagnes sahariennes, vers le Gourara, vers le Touat, vers le pays des Touareg, et si leur autorité prenait un jour des allures inquiétantes, on saurait du moins où frapper pour la briser ¹.

Organisation défensive de l'Algérie.

L'Algérie n'a pas de frontière dans le sens strict du mot.
En effet, nous avons dit combien était défectueux et incertain le tracé des limites du côté du Maroc.

Vers la Tunisie, il n'y a plus de frontière à observer au point de vue militaire. Vers le Sud, il n'y a et il ne peut y avoir aucune limite, car le désert ne constitue pas une frontière naturelle, par cette seule raison que le désert absolu n'existe pas.

Les tribus errantes, qui le parcourent, échappent, par leur mobilité même, à toute délimitation précise. Comme les Russes au centre de l'Asie, les Français, en Algérie, n'ont donc, au sud, d'autres limites que celles que peuvent leur donner l'initiative et l'esprit d'aventure des officiers qui commandent les postes extrêmes.

¹ Napoléon parlant, dans ses Mémoires de Sainte-Hélène, des moyens de contenir les Arabes des frontières de l'Égypte, s'exprime ainsi « Lorsque l'Égypte a été gouvernée avec fermeté et justice, les Arabes ont été soumis; chaque tribu a été obligée de répondre de son désert et de la partie de frontière qui lui était confiée... Ces tribus, comme de petits vassaux, ont garanti la tranquillité du pays au lieu de la troubler...... »

    

 

   

Mais il y a une distinction à établir entre lés régions du sud-ouest et du sud-est.

Si l'on considère l'ensemble d'une carte de l'Algérie, on remarque une grande différence dans la configuration des montagnes et des Hauts-Plateaux, à l'ouest et à l'est du méridien d'Alger.

A l'ouest, la distinction entre la zone tellienne, les plateaux, la chaîne saharienne, et le Sahara, est très caractérisée. Le Tell, c'est le corps de place. Les poternes de ses remparts du sud sont tenues par el-Aricha, Daya, Saïda, Frenda, Tiaret, Teniet, Boghar.

En avant, s'étend une vaste esplanade, large de 200 à 300 kilomètres; ce sont les Hauts-Plateaux. Au delà se dresse un puissant parapet dont les escarpes dominent les plaines sahariennes, et à moins d'une trentaine de lieues desquelles commencent les areg. Le chemin de fer d'Aïn-Sefra qui traverse les plateaux n'a été construit que dans un intérêt militaire.

A l'est du méridien d'Alger, les Hauts-Plateaux se rétrécissent peu à peu. Ils se creusent dans le Hodna et se transforment en une grande cuvette d'un climat saharien, où mûrissent les dattes, mais où l'abondance des eaux permet aussi la culture des céréales.

Dans la province de Constantine, les plateaux se relèvent; mais, comme on l'a vu, ils sont relativement peu étendus, et n'ont pas les caractères des grandes steppes de l'ouest. Ils sont même abordables pour la colonisation. Plusieurs chemins de fer, construits dans des intérêts économiques, les traversent.

Enfin, le rempart du Sud, d'abord tracé avec peu de netteté s'épaissit ensuite dans l'Aurès en une masse très puissante. Les liaisons entre le Tell et le Sahara s'établissent donc dans d'autres

 
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