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des colonnes mobiles et, selon les localités, les maisons de la
population européenne et indigène.
Dans la plupart des centres où l'on ne
maintient pas de garnison fixe, un bordj, c'est-à-dire une
maison carrée avec mur crénelé, cour intérieure, puits,
écuries, etc., sert de logement à l'administrateur, et peut, en
temps d'insurrection, servir de refuge à la population. Les
stations des chemins de fer, les fermes isolées des caïds, les
caravansérails, les maisons de commandement, sont souvent
construits de la même manière.
Ces défenses, qui seraient fort
insuffisantes contre des troupes européennes, sont parfaitement à
l'abri des attaques des Arabes, qui n'ont pas de canons, et il
suffit d'une surveillance régulière pour se garder du danger d'une
escalade, d'ailleurs très difficile pour les indigènes, qui ne
savent pas se munir des engins convenables. Un détachement, si
faible qu'il soit, pourvu cependant que son effectif soit
proportionné au développement de l'enceinte à garder, peut tenir
indéfiniment dans un bordj, s'il a des vivres, de l'eau, et des
cartouches.
Pendant l'insurrection de 1871, les
bordjs ont partout résisté, bien que les Kabyles aient essayé de
les attaquer par la mine ¹; on peut donc en conclure qu'il vaut
mieux avoir un assez grand-nombre de postes de petites dimensions,
bordjs ou grands blockhaus, offrant des points d'appui nombreux aux
troupes mobiles, plutôt que quelques places plus vastes, mais dont
la garde même immobilise trop de monde.
¹ Pendant l'insurrection
de 1871, le bordj des Beni-Mansour, où se trouvait une garnison
d'une centaine d'hommes, sous le commandement du capitaine Mas,
résista pendant 52 jours, du 7 avril au 28 juin, aux attaques
répétées des Kabyles insurgés. Le manque d'eau fut une des plus
grandes difficultés de la défense: il fallait, en effet, s'en
procurer en déjouant pendant la nuit la vigilance de l'ennemi qui
bloquait le poste et s'approvisionner à l'oued Sahel, à 300
mètres de distance.
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La frontière maritime de l'Algérie n'est pas organisée en vue
d'une attaque par mer; des batteries protègent toutefois d'une
manière suffisante les ports et les mouillages près des côtes.
Nous les avons énumérés; mais si l'on pouvait avoir quelque
inquiétude en cas de guerre européenne, c'est à la flotte qu'il
faudrait remettre le soin de garantir le littoral très étendu de
l'Algérie et de la Tunisie.
Télégraphie optique. - En attendant que des lignes
télégraphiques ordinaires aient pu être posées jusqu'aux postes
extrêmes du Sud, et pour y suppléer en temps d'insurrection, on a
créé un réseau de postes de télégraphie optique qui rendent de
précieux services.
Le centre des communications optiques du Sud-Oranais est au Kheider,
d'où l'on est en relation avec el-Aricha et Ras el- Ma, par une
station intermédiaire sur le djebel Beguira;
avec Géryville (station du djebel bou Derga); avec Mecheria
(station du djebel Antar).
De Mecheria, on communique avec Aïn ben Khelil; avec Aïn Sefra
(station du djebel Aïssa).
Du djebel Aïssa, on peut communiquer éventuellement avec Aïn
Sfissifa et Tiout, et l'on pourrait également communiquer avec
Figuig par une station intermédiaire placée au djebel Zaghi au
sud d'Aïn Sefra, dans le massif du djebel Mekter.
De Géryville, on est en relation avec Aflou (djebel Okba) et d'Aflou
éventuellement avec Tiaret, par une communication directe.
Dans le sud d'Alger, Ghardaïa est relié à Laghouat par la
télégraphie électrique.
Dans le sud de Constantine, Biskra est en relation avec Tougourt |
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