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considérables, si l'on en juge par la surface couverte par les
ruines et par le nombre des grandes voies qui en divergeaient.
Ce pays était à coup sûr mieux arrosé
que de nos jours; cependant Salluste le caractérisait déjà par
ces mots : arbori in fecundus.
Dans les premiers temps de la lutte entre
Rome et Carthage, il y avait en Afrique, au dire des historiens
grecs et romains, de vastes forêts impénétrables, des bois de
haute futaie, d'immenses marais. Ces forêts et ces marécages
étaient le refuge des éléphants, dont les Carthaginois se
servaient à la guerre. L'éléphant disparut de l'Afrique au
VIIème siècle. Le dromadaire y parut au VIème siècle.
Les Romains s'avancèrent de l'est à
l'ouest et la province de Constantine conserve encore des traces
nombreuses de leurs établissements agricoles et de leurs colonies
de vétérans. Ils tenaient l'Aurès ; ils avaient des postes
militaires à Biskra (ad piscinam) et dans les oasis voisines
; mais la zone de leur occupation ne s'étendait guère sur les
hauts plateaux de la province d'Alger et de la province d'Oran.
Ils n'avaient point pénétré en Kabylie au delà de Tizi-Ouzou, et
vers l'ouest, ils ne possédaient qu'une bande assez étroite du
littoral de la Méditerranée jusqu'aux colonnes d'Hercule.
Les invasions barbares (430), au
contraire, vinrent de l'ouest par les rivages de l'Espagne; elles
suivirent dans leurs dévastations une marche inverse de celle de la
conquête romaine ; plus tard, les Byzantins reprirent possession du
pays pour un siècle (533 à 620), de sorte qu'en résumé, ce
furent les parties orientales du nord de l'Afrique qui subirent le
plus profondément
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et conservèrent le mieux l'empreinte de la culture romaine.
Les Arabes, après avoir pris l'Égypte, la Cyrénaïque, et la
Tripolitaine, s'élancèrent à la conquête du Maghreb en 646.
Les populations berbères qui, depuis des siècles, avaient plié
sous le joug des Romains et des Byzantins, toutefois sans perdre
leur individualisme, virent d'abord en eux des libérateurs ; elles
leur prêtèrent leur appui et, fort indifférentes en matière
religieuse, comme elles le sont encore aujourd'hui, elles
acceptèrent facilement l'islamisme, Cependant les Berbères
s'aperçurent bientôt que la tyrannie religieuse musulmane était
aussi lourde que la tyrannie des exarques byzantins, Ils
s'allièrent de nouveau à ceux-ci et repoussèrent les Arabes. Kairouan
avait été fondé par Okba pour devenir la capitale de l'Afrique
musulmane; les Berbères s'en rendirent maîtres, mais leurs succès
ne furent qu'éphémères (683-688). De nouvelles armées arabes,
accourues (le l'Orient, balayèrent les Berbères, les refoulèrent
dans les montagnes et traversèrent le nord de l'Afrique comme une
charge de cavalerie, Vingt ans après (711), elles étaient passées
en Espagne, avaient écrasé les Wisigoths à la bataille du
Guadalète et planté l'étendard du Coran sur la terre européenne. Ces
Arabes, qui laissèrent en Espagne de si magnifiques traces de leur
industrie, de leur science agricole, de leur génie, littéraire et
artistique ; ces émirs glorieux qui, après la conquête, savaient
gouverner, élever des villes magnifiques, protéger les sciences,
les arts et les lettres, à une époque où les nations européennes |
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