|
étranges auxquelles ils se livrent. Ils mangent, dit-on,
impunément du poison, guérissent les piqûres des bêtes
venimeuses, broient du verre dans leur bouche, marchent sur des
tisons enflammés, manient le fer chauffé au rouge, etc. Ils sont
les seuls à se servir de tambours de basque et de timbales.
Ordre des Kadria ou de Sidi Abd el-Kader
el-Djilani. - Abd el-Kader el-Djilani ou el-Ghilani, est le plus
grand saint de l'islam.
« Le centre de cet ordre est à Bagdad
où il fut fondé vers 1165; nul n'a plus d'adhérents, soit dans le
Sahara, soit dans le monde musulman tout entier. Tous les princes
musulmans s'honorent d'en être membres ¹. Ses doctrines sont
remarquables par leur esprit de tolérance et de charité. » Il y a
lieu de croire que ses khouan sont des agents très actifs de la
propagande islamique, et qu'ils reçoivent, le cas échéant, le mot
d'ordre de Constantinople même.
Ses sectateurs sont nombreux au Touat, au
Gourara, dans l'oued Messaoura, dans toute l'Algérie, où ses
koubbas sont innombrables.
C'est un nègre d'une zaouïa de cet
ordre qui désigna, dit-on, Abd el-Kader, deuxième fils de Mahi
ed-Din, comme sultan de l'Ouest, en 1828.
Les ordres de Moulaï Taïeb, de Tedjini,
et d'Abd er-Rahman sont les plus répandus en Algérie. Leurs chefs
vivent en bons termes avec l'autorité française. Ils peuvent être
des auxiliaires précieux contre la propagande des mokaddems de
l'ordre de Senousi; celui-ci est radicalement hostile, fort
dangereux, et se donne pour mission. l'expulsion. des Français et
le rétablissement de l'imâmat arabe.
¹ Sabatier; La
question du Sud-Ouest. Alger, 1881.
|
|
|
|
Ordre de Sidi Moulaï Taïeb. -
Fondé au Maroc en 1678, par un des membres de la famille
impériale, Moulaï ed-Dris.
Son chef, el-Hadj Abd es-Selam, a sa résidence ordinaire à Tanger.
Son frère habite Ouezzan, où se trouve la zaouïa mère. Il se
montre actuellement assez sympathique aux Français, qui l'ont reçu
d'ailleurs avec de grands honneurs dans un voyage qu'il a fait, il y
a quelques années, à Oran et à Alger, et qui permettent à ses
mokaddems de venir percevoir les ziaras dans les tribus
algériennes, où il a de nombreux adhérents. Depuis 1883 il jouit
au Maroc des prérogatives de protégé français. Il a épousé une
dame anglaise. Il est regardé comme le premier personnage du Maroc
après l'empereur.
Lorsqu'un nouveau souverain monte sur le
trône, il doit recevoir une sorte d'investiture du chérif d'Ouezzan.
Par suite d'un pacte ancien, la famille de Moulaï Taïeb ne doit
pas monter sur le trône; sa devise est : " Personne de nous
n'aura l'empire, mais personne ne l'aura sans nous. "
Son influence est très grande dans toute
l'Algérie, dans le Tafilalet, dans l'Adrar, dans le Haut-Sénégal.
Il existe une zaouïa importante à Tamentit, dans le Touat.
On reconnaît son chapelet à un anneau de cuivre.
Ordre de Sidi Ahmed Tedjini. -
Fondé en 1781. La zaouïa centrale et le tombeau du marabout
ancêtre se trouvent, comme nous l'avons dit, à Aïn Madhi, oasis
située au pied méridional du Djebel-Amour, à 50 kilomètres à
l'ouest de Laghouat.
Cet ordre a été autrefois très puissant, et son influence
religieuse, bien que diminuée, est encore grande dans toute
l'Afrique du Nord ¹. La plupart des Tunisiens et la famille du bey
sont ses serviteurs religieux. Ahmadou, le roi de Ségou,
¹ Il existe des zaouïas
de l'ordre à Tichit dans le Taganet, à Chinguit dans l'Adrar
(Sabatier, La question du Sud-Ouest, Alger, 1881).
En 1883, Sidi Ahmed était en correspondance avec Ahmadou, auquel il
avait écrit au sujet du massacre de la mission Flatters. |
|