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   sur le Niger, porte le chapelet de l'ordre et entretient des relations avec Aïn Madhi. Les Toucouleurs des rives du Sénégal y sont affiliés, ainsi qu'une partie des Touareg.

Il s'est fondé à Temassin, dans l'Oued-Righ, une zaouïa de l'ordre, devenue aussi puissante que la zaouïa d'Aïn Madhi et qui tend à s'en rendre indépendante; elle est gérée par un des membres de la famille, mais elle porte néanmoins grand ombrage à Aïn Madhi.

Cet ordre a été en luttes armées avec les Turcs; « non seulement il leur avait résisté, mais il était venu leur livrer bataille sous les murs de Mascara. Les Tedjâna furent défaits, et la tête de Si Ahmed Tedjini, apportée aux pieds du bey Hassan, fut payée 500 pièces d'or ¹ ». Plus tard, Abd el-Kader n'ayant pu les attacher à sa cause, attaqua le ksar d'Aïn Madhi. Il dut en faire le siège, et, après une résistance qui dura neuf mois, le ksar ne fut pris que par trahison.

L'ordre professe actuellement que Dieu, ayant donné l'Algérie aux Français, il est permis de vivre avec eux et qu'il ne faut pas les combattre. Les bonnes dispositions du chef de l'ordre se sont manifestées en plusieurs circonstances. M. Duveyrier, lors de son voyage dans le Sahara, avait reçu, des mains du marabout, le chapelet comme sauvegarde. Plus récemment, lors de l'expédition du colonel Flatters, un mokaddem accompagnait la mission pour la protéger. On sait que cette assistance fut malheureusement inefficace contre les Touareg, qui obéissaient, sans doute, à l'impulsion des Senousiâ. Le mokaddem fut également massacré.

Le chef de l'ordre est (1890) Sidi Ahmed, homme d'une cinquantaine d'années. L'autorité française, se méfiant de son attitude, l'avait fait venir en France en 1871. Il y épousa morganatiquement une femme française qui l'a suivi en Algérie. Cette alliance, des dissensions de famille, d'autres causes, l'ont déconsidéré vis-à-vis des Arabes. Son prestige personnel est fort diminué, mais l'attachement des Arabes à leurs traditions

¹ Gourgeot, Situation politique de l'Algérie en 1882.

    

 

   

est assez puissant pour conserver encore à l'ordre, dont il est le chef, une influence considérable qu'il est de notre intérêt de ne pas laisser amoindrir. C'est un auxiliaire utile contre les Senousiâ, qui ne peuvent prospérer et grandir en Tunisie et dans le sud de l'Algérie qu'à la condition de désagréger les Tedjàna. Le chapelet de l'ordre porte un grain de corail.

Ordre de Sidi Mohammed ben Abd er-Rahman. - Fondé en 1793. Le fondateur de l'ordre, originaire de l'Algérie, avait longtemps étudié au Caire. On l'appelle aussi Bou Koubrin, c'est-à-dire des deux tombes, parce que, suivant la légende, son corps s'est dédoublé et qu'il repose à la fois à el-Hamma près d'Alger et dans sa koubba chez les Beni Ismaïl en Kabylie. Ce qui est vrai, c'est que son corps fut enlevé par les Arabes qui le transportèrent à el-Hamma.

Ses sectateurs sont fort nombreux dans toute l'Algérie, particulièrement en Kabylie et dans la province de Constantine. On compte en Algérie plus de 200 zaouïas. L'ordre a joui autrefois d'une grande importance politique; l'émir Abd el-Kader s'y était affilié. C'est en quelque sorte l'ordre national de l'Algérie. Il réunit sous la même bannière Kabyles et Arabes, et c'est le seul lien commun entre ces deux races.

Le cheikh de la partie kabyle, Si Aziz, a été interné à la Nouvelle-Calédonie après l'insurrection de 1871. Il s'en est évadé et vit à La Mecque, d'où peut se faire sentir encore son influence très hostile.

Cet ordre s'est partagé en quatre rameaux principaux dont les zaouïas sont : deux à Nefta près du Djerid, à Tolga dans le Zab, et à Cherfat el-Amel, près de Bousaâda.

Parmi les ordres moins importants, on peut encore citer :

Ordre de Sidi Ahmed ben Youcef. - Fondé en 1526. La koubba de son protecteur est à Miliana. Ses partisans sont nombreux dans le Tell, comme dans le Sahara, où ils ne nous ont jamais fait d'opposition.

 
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