|
Abd er-Rahman avait été le patron de
Sidi Cheikh, et ses descendants viennent, chaque année, recevoir à
el-Abiod une ziara traditionnelle : un tapis, un chameau, et une
négresse ¹.
Sidi Cheikh eut une nombreuse
postérité. Son fils aîné : Hadj Bahout, est le premier chef de
la branche des Cheraga.
Hadj Abd el-Hakem, le frère du précédent, est le père de Bahout
el Hadj, le premier chef des Gharaba.
Tous deux ont leur tombeau à el-Abiod.
Une lutte s'étant engagée entre les
descendants d'el-Hadj Bahout et de Bahout el-Hadj pour le partage
des richesses accumulées à cette zaouïa, les habitants du ksar de
l'est entamèrent les premières hostilités contre ceux du ksar de
l'ouest. Toute la tribu prit les armes et se divisa, dès ce moment,
en Cheraga et Gharaba. Ceux-ci, moins nombreux, furent battus et se
retirèrent du côté de Figuig. Depuis cette époque, les Cheraga
ont toujours eu une supériorité marquée; mais les Gharaba ont
également une zaouïa à el-Abiod.
Quelques renseignements sur les
personnalités marquantes de ces familles peuvent être
intéressants.
Les Cheraga ont eu pour chef Sidi
Hamza, notre kalifa; on lui avait constitué un grand commandement
qui s'étendait de Géryville à Ouargla; il est mort du choléra à
Alger en 1861 ; il a eu sept fils.
|
|
|
|
Sidi Hamza, né en 1860, a passé quelque temps au collège
d'Alger; il est l'héritier légitime de l'influence religieuse de
la famille. C'est lui qui, selon les idées arabes, possède la baraka,
c'est-à-dire la bénédiction de Dieu ; mais cette autorité,
toute spirituelle, est tenue en échec par celle dont jouit son
oncle, Si Kaddour, le chef militaire reconnu des Cheraga. Il était
à Géryville en 1878 et sollicitait la succession de son père
lorsque les instigations de Bou Amama le décidèrent à s'enfuir.
C'est avec lui qu'ont eu lieu, en 1883, les négociations, à la
suite desquelles les tentes des dissidents furent autorisées à
rentrer.
Si Kaddour a lui-même fait sa soumission au mois de mars
1884 à Brézina. C'est actuellement l'aîné de la branche des
Cheraga.
Les Gharaba ont eu pour chef Sidi Cheikh ben et-Taïeb,
vieillard vénéré, avec lequel la France avait de bonnes
relations; il est mort en 1870 et il est enterré à Figuig. Il a
eu sept fils.
Son successeur a été son quatrième fils, Sidi Mamar, qui a été
tué en 1874, au combat de Mefich.
L'autorité religieuse est passée aux mains de Sidi Allal, frère
du précédent, cinquième fils de Sidi Cheikh, né en 1857, chef
officiel actuel des Gharaba; mais son cousin, Si Sliman ben Kaddour,
fils du troisième frère de Sidi Cheikh, est actuellement le chef
militaire, et jouit d'un prestige et d'une autorité supérieurs à
la sienne.
Bou Amama, c'est-à-dire l'homme au turban, surnom autrefois donné
déjà à Sidi Cheikh lui-même, appartient à la famille des
Cheraga. Il est de la postérité de Sidi Tadj, l'un des dix-huit
fils de Sidi Cheikh. Il est né à Figuig vers 1840. Il n'a
d'ailleurs qu'une situation personnelle peu considérée dans
l'aristocratie des Oulad Sidi Cheikh. Il est venu s'établir vers
1875, avec sa famille, à Moghar Tahtani, où il fonda une zaouïa.
D'une instruction médiocre, mais d'une grande ferveur religieuse,
il acquit rapidement un certain prestige qu'il |
|