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sut habilement augmenter, dit-on, par la pratique de jongleries et
de ventriloquie ¹. Ses émissaires, parcourant les tribus du
Sud-Oranais, ont préparé le soulèvement qui éclata en 1881. Il
cherchait à réunir, pour un but commun, les tribus
qu'affaiblissaient les rivalités religieuses ou les haines de sof;
il enseignait que l'on pouvait prendre son chapelet sans être
obligé de renoncer au chapelet de Moulay Taïeb, de Tedjini, ou
d'autres, et manifestait ainsi un sens politique et une capacité de
raisonnement assez rare chez les indigènes. Il entraîna la
défection des Trafi, des Laghouat du Ksel, d'une partie des Harar,
et des Rezaïna, etc. On a estimé à 6,000 tentes, c'est-à-dire à
environ 25 ou 30,000 individus, le chiffre des dissidents qui, de
gré ou de force, ont suivi la fortune de Bou Amama, pendant
l'insurrection 2.
Depuis 1864, les Oulad Sidi Cheikh jouent
un rôle considérable en Algérie. La postérité de Sidi Cheikh ne
vit pas, en effet, concentrée autour de ses ksour ; on la retrouve
par fractions compactes dans le Tell, dans la Tunisie, aux environs
des oasis de Tozer et de Nefta, dans la vallée de l'oued Guir, chez
les Douy Meniâ, chez les Beni Guil, à Goléa, au Gourara, au
Tidikelt où deux de leurs fractions campent aux environs d'In-salah.
Toutes ces fractions entretiennent des relations constantes. Les
Arabes, dans leur style imagé, comparent cette famille à « un
superbe palmier dont les racines et le tronc sont fixés au désert,
mais dont les rameaux magnifiques s'étendent majestueusement sur le
Tell ».
Les chefs actuels des Cheraga, tous
remplis d'énergie, sont-ils réellement disposés à renoncer à la
lutte? Nombreux,
¹ Statistique officielle de l'Algérie,
1882.
2 On se rendra compte de l'importance de ces défections
en comparant les chiffres des recensements de 1881 et de 1882 dans
le cercle de Géryville.
On comptait en........ |
1881: |
26,000 chameaux, |
1882: |
3,366 |
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240,000 moutons, |
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38,000 |
L'impôt zekkat donnait, |
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212,000 francs, |
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31,000 |
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riches, et pleins d'audace, ils constituent une puissante dynastie
de princes du désert, dont l'autorité est doublée d'une
influente religieuse considérable. » La tranquillité du Sahara
dépend de leurs dispositions à notre égard.
Les Gharaba sont beaucoup moins prospères que les Cheraga; mais si
leur puissance est moins grande, leurs sentiments sont les mêmes.
Pour manier les uns et les autres, tirer parti des rivalités et
des ambitions des chefs, il faut une attention constante, un grand
tact politique, et une connaissance approfondie du caractère des
personnes.
El-Abiod était un lieu de pèlerinage très fréquenté par les
gens du Gourara, comme par ceux du Sahara et du Tell. C'est là que
les uns et les autres venaient puiser leurs inspirations. Les
redevances des nombreux adhérents de l'ordre étaient une source
de richesse considérable pour la zaouïa. El-Abiod sera sans doute
toujours un lieu vénéré et fréquemment visité.
Ordre des Bekkaya. - Fondé en 1553, au Maroc. Sidi Ahmed
el-Bakkay est enterré à Igidi, au sud-est de l'oued Draa. La
zaouïa principale est à Timbouctou, et exerce une grande
influence à Insalah, dans tout le Sahara et le Soudan.
Les Mekahlia ¹. - Il faut citer encore l'association dite
des Mekahlia (de mokahla, fusil, et mekahli, fusilier).
Cette association a été créée, dit-on, à Médine. Elle s'est
développée en Algérie depuis 1830. C'est une sorte de société
secrète, qui n'a point d'initiation religieuse spéciale et dont
le but est de pratiquer le tir des armes ; elle est basée, dit-on,
sur un passage des traditions de Mahomet qui dit : « Étudiez le
tir et enseignez-le. » Les associés se doivent aide et
protection. Ils s'exercent au tir et payent une ziara aux mokaddems
d'un chef inconnu et que l'on suppose être Sidi Ali ben Mohammed,
résidant au Maroc, dans l'oued Sous.
Ordre de Sidi es-Senousi. -- Cette confrérie est, de
toutes, la plus hostile et la plus dangereuse.
¹ Spectateur militaire, 1er mars 1883. |
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