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appelée à devenir le foyer actif de prédications fanatiques;
c'est de là que partent les missionnaires qui prêchent la guerre
sainte, c'est de là que le signal en sera souvent donné. Aussi il
y aurait grand intérêt à détourner les pèlerins de La Mecque
des routes de terre et à leur rendre plus facile encore le voyage
par les routes maritimes.
L'ordre des Senousiâ est en Algérie à l'état de société
secrète ; ses membres se dissimulent et n'en sont que plus
dangereux. La caractéristique principale de cet ordre est l'idée
politique qui en anime les chefs, et leurs efforts pour englober
dans leur association les autres confréries religieuses. Ils ont
déjà réussi en partie sur des zaouïas assez nombreuses,
appartenant à différents ordres. Ce sont eux surtout, dit M.
Duveyrier ¹, qui sont les agents les plus actifs du mouvement
religieux que nous appelons le panislamisme, et qui en ont, pendant
quelque temps, imposé les doctrines au sultan; mais ils l'accusent
de tiédeur.
Senousi a posé en principe que l'autorité temporelle des
sultans devait être mise au service des intérêts religieux, que
le clergé et la magistrature devaient non seulement être
indépendants du pouvoir administratif, mais le diriger.
Sa devise est significative :
Les Turcs et les Chrétiens,
Tous de la même bande,
Je les briserai du môme coup.
¹ Consulter : Confrérie musulmane de Sidi
Mohammed ben Ali es-Senousi, par H. Duveyrier. - Société de
Géographie, 1883.
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VI.
PRÉCIS DES ÉVÉNEMENTS MILITAIRES
DEPUIS
LA CONQUÊTE D'ALGER.
Le dernier dey algérien Hussein arriva au pouvoir en 1818.
Les relations de l'Algérie avec la France, interrompues pendant
l'Empire, avaient été rétablies en 1816; mais des difficultés
incessantes se produisaient et les corsaires algériens ne
renonçaient ni aux courses de prise, ni même au droit de visite
sur les navires portant pavillon ami.
Le dey réclamait une somme de 300,000 francs (traité de 1817)
pour les concessions; la France ne voulait accorder que 90,000
francs, chiffre admis par une convention antérieure. Mais la cause
la plus grave de dissentiment se trouvait dans l'affaire de la
créance Bakri. Des juifs algériens avaient fait d'importantes
fournitures de blé au Directoire. En 1819, cette créance avait
été réglée au chiffre de 7 millions, en réservant les droits
de Français dont Bakri et Ce étaient débiteurs; elle
n'était pas encore éteinte en 1827. Le dey avait de grands
intérêts dans cette affaire. Il était mécontent de ces
lenteurs. Le consul de France s'étant présenté à son audience
solennelle le 27 avril 1827, le dey l'interpella vivement à ce
sujet et, faisant un geste violent, l'atteignit de son éventail. |
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