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Abd el-Kader.
La chute de la domination turque avait
laissé la province d'Oran dans une complète anarchie. Les troupes
françaises ne sortaient guère de l'enceinte d'Oran. Après avoir
cherché à dominer le pays, l'empereur du Maroc y renonça. Les
tribus cherchaient à se grouper autour d'un chef. C'est alors que
surgit Abd el-Kader, fils d'un marabout influent de la tribu des
Hachem de Mascara; il était âgé de de 24 ans (1832).
Son père le présenta dans la plaine d'Eghris
aux tribus des Hachem et des Beni Amer, comme l'homme prédestiné,
désigné par Dieu pour chasser les infidèles.
Abd el-Kader était un homme d'éducation
soignée ; il avait vu l'Orient et l'Égypte, était versé dans
l'étude du Coran, et connaissait à fond la casuistique de la
jurisprudence musulmane. Il avait toute la science d'un thaleb et la
vigueur d'un soldat. « Doué de certaines qualités d'organisation
et de politique, à la fois froid et passionné, souple et violent,
il rappelle, à plus d'un point de vue, ces hommes d'état et
d'église tels que le moyen âge les suscita dans le monde
européen. »
Il eut cependant, dès son début, à
lutter contre plusieurs tribus qui refusaient de reconnaître son
autorité: les Oulad Sidi Cheikh au sud, les Angad de la frontière
marocaine, les Douair et les Sméla, tribus makhzen des environs
d'Oran, qui étaient au service des beys turcs, et aussi contre les
Turcs et leurs auxiliaires, les Coulouglis.
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Traité Desmichels. - Après quelques opérations assez
décousues, le général Desmichels, commandantà Oran, entra en
pourparlers avec Abd el-Kader, traita avec lui de puissance à
puissance, et le reconnut comme émir « prince des croyants »
auquel les populations musulmanes devaient l'obéissance. On reçut
ses oukils (représentants), à Oran, à Alger, à Arzeu. On
envoya à Mascara, sa capitale, des officiers avec le titre de
consuls, on lui prêta appui contre les tribus qui lui étaient
hostiles; on lui fournit des armes, du plomb, du fer, de la poudre.
Ce traité avait le grave inconvénient d'augmenter l'importance
d'Abd el-Kader, dont l'ambition grandissait rapidement.
Le général Trézel remplaça le général Desmichels à Oran. Les
Douair et les Sméla, sous leur vaillant chef Mustapha ben Ismaël,
se placèrent sous la protection de la France.
Abd el-Kader protesta; il occupa Miliana et Médéa. Le traité fut
rompu.
Combat de la Macta (juin 1835). - Le général Trézel
marcha contre lui avec 2,500 hommes et 6 canons; il se porta sur le
Sig, eut un premier engagement heureux à Mouley Ismaël et voulut
ensuite se diriger sur Arzeu pour y laisser ses blessés. De
mauvaises dispositions de marche ayant été prises, sa colonne fut
assaillie dans le défilé formé par les hauteurs qui bordent les
marais de la Macta; elle subit de graves pertes (environ 500 hommes
tués et blessés).
Le général Trézel fut rappelé et le gouverneur général Drouet
d'Erlon, remplacé par le maréchal Clauzel.
Prise de Mascara et occupation de Tlemcen. - Le nouveau
gouverneur réunit à Oran un corps de 11,000 hommes, et, pour
venger l'échec de la Macta, marcha sur Mascara. Il battit l'émir
dans la plaine entre le Sig et l'Habra (3 déc. 1835), se porta sur
Mascara où il entra sans coup férir, et qu'il fit brûler et
sauter. |
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