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De son côté, Abd el-Kader alla attaquer
le méchouar (citadelle) de Tlemcen, dans lequel 750 Turcs ou
Coulouglis avec Mustapha bon Ismaël étaient bloqués par un de ses
lieutenants. Le maréchal débloqua la ville, et y installa un
bataillon commandé par le capitaine Cavaignac.
Pour en assurer le ravitaillement, un
camp fut établi à l'embouchure de la Tafna, en face l'îlot de
Rachgoun, qui avait été antérieurement occupé, pour empêcher
l'abordage des barques par lesquelles l'ennemi recevait des
ressources.
Après un combat furieux sur les bords de
la Tafna (25 mai 1836), Abd el-Kader bloqua le camp, tandis
qu'il repoussait les sorties des défenseurs de Tlemcen; la famine
commençait à se faire sentir dans cette place, lorsque le
général Bugeaud débarqua avec trois régiments.
Combat de la Sikkah (6 juillet
1836). - Le général Bugeaud manœuvra activement et avec
habileté, ravitailla Tlemcen, et, ayant attiré les troupes d'Abd el-Kader
sur un terrain favorable, entre la Tafna, l'Isser, et la Sikkah, il
lui infligea une défaite complète.
Malheureusement, au lieu de continuer les
opérations pour ruiner par la force l'influence d'Abd el-Kader, le
général Bugeaud entra l'année suivante en négociations; Abd el-Kader
consentit à ravitailler Tlemcen ; on lui rendit ses prisonniers; on
lui fournit de l'acier, du fer, du plomb; puis, on signa la paix
avec lui.
Traité de la Tafna (30 mai 1837).
- Par ce traité, conclu par le général Bugeaud, commandant à
Oran, et qui était alors indépendant du gouverneur général de
Damrémont, Abd el-Kader reconnaissait la souveraineté de la France
en Afrique, mais sans en donner aucun gage et sans payer de tribut.
La France ne se réservait autour d'Oran qu'un territoire étroit
compris entre la Macta, le Sig, la rive méridionale de la Sebkha et
le Rio Salado, et, en dehors de ces limites,
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Mostaganem et Mazagran; dans la province d'Alger, la Métidja
limitée par une ligne comprenant Koléa, suivant le cours de la
Chiffa, la première crête des montagnes, jusqu'à l'oued Khadra
à l'est, et « au-delà ». (Cette expression de au-delà ne
précisait évidemment rien et réservait, aurait-on dit, la
possibilité de rompre le traité de part ou d'autre sous le
moindre prétexte.)
Tout le reste de la province d'Alger et de la province d'Oran, y
compris Tlemcen, était abandonné à l'administration de l'émir.
Expéditions de Constantine.
Ce traité de la Tafna, qui augmentait encore l'importance donnée
à Abd el-Kader par le traité Desmichels, permettait de se
retourner du côté de Constantine, où la résistance du bey Ahmed
créait de graves difficultés.
Première attaque de Constantine. - Au mois de novembre
1836, le maréchal Clauzel s'était rendu à Bône pour prendre le
commandement des troupes avec lesquelles il espérait occuper
Constantine sans grandes difficultés. Le duc de Nemours
accompagnait l'expédition. Il partit de Bône, le 13 novembre,
avec une colonne de 8,000 hommes. Des pluies torrentielles, le
mauvais état des chemins, les fatigues qui en résultèrent,
épuisèrent les troupes avant tout combat.
La position de Constantine était formidable; différentes causes
contrarièrent les dispositions d'attaque; l'assaut ne réussit
pas. Le maréchal ordonna la retraite qui se fit, non sans
douloureuses péripéties, protégée par un bataillon du 2ème
léger, sous les ordres du commandant Changarnier, dont la
réputation militaire reçut alors une éclatante consécration. La
colonne, ramenée à Bône, avait perdu plus de 700 hommes dont 450
tués ou disparus.
C'est à la suite de cet échec que le maréchal Clauzel fut
remplacé par le général de Damrémont. |
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