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troupes françaises avaient franchi pour la première fois au mois
de novembre 1830, fut une des plus remarquables actions des guerres
d'Afrique; une garnison fut jetée dans Médéa ¹. L'armée
redescendit ensuite dans la plaine et l'on occupa de même Miliana.
Le ravitaillement de ces deux places
nécessitait chaque fois une véritable expédition, et c'est à ces
opérations que furent consacrés les efforts de l'armée jusqu'à
la fin de la campagne de 1840.
Jusqu'alors la guerre d'Afrique avait
été menée d'une manière confuse, « et indécise » qui
reflétait les hésitations même du gouvernement; on continuait à
discuter avec âpreté, au Parlement, la question de savoir si l'on
persisterait dans la conquête, ou s'il n'était pas préférable de
tout abandonner.
Quelques officiers supérieurs avaient
surgi dont la réputation militaire devait grandir encore; parmi
eux, au premier rang : Changarnier, La Moricière, Cavaignac; mais,
dans le commandement en chef, aucun homme n'avait été à même de
révéler les qualités maîtresses de commandement, d'organisation,
de conception militaire qui forcent le succès.
Ce fut la gloire du général Bugeaud.
¹ Comme toujours l'armée se consolait de ses
épreuves et de ses fatigues en chantonnant :
Quelques-uns ont la bosse des clefs;
Si vous saviez combien ils se donnent de peine
Pour trouver quelque clef qui verrouille la plaine.
Médéa c'est pour eux la clef par excellence,
Nous pouvons maintenant dormir sans méfiance.
Dans leur aveuglement, ils n'ont pas vu du tout
Qu'ici tous les Bédouins ont des passe-partout.
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Conquête définitive du Tell (1841-1847).
1841. -- Au commencement de 1841, le général Bugeaud
remplaça le maréchal Valée comme gouverneur général.
L'effectif de l'armée fut porté à 100,000 hommes. C'est alors
seulement que commencèrent, suivant un plan raisonné, une série
d'expéditions dont le résultat fut la conquête définitive de
l'Algérie. Il est difficile de présenter un récit, même
succinct, de ces opérations multiples. Il suffira, d'ailleurs, de
faire ressortir les faits principaux.
La campagne de 1841 fut vigoureusement menée.
Une colonne, partie de Blida, s'avança sur Boghar et Thaza,
qu'elle trouva évacués et brûlés; elle en acheva la
destruction.
Le général Bugeaud, parti de Mostaganem, se porta sur Tagdempt,
qu'il détruisit; il occupa Mascara sans résistance, et y laissa
une forte garnison.
1842. -- En janvier 1842, il s'empara de Tlemcen et poussa
une pointe jusqu'à Sebdou qu'il ruina; la grande confédération
des Yacoubia qui s'étend sur les Hauts-Plateaux au nord des chotts
se soumit; puis, successivement, les Beni Chougran, les Bordjia qui
se trouvaient pris entre Oran, Mostaganem, et Mascara.
Des colonnes, parties d'Alger et d'Oran, faisaient leur jonction
dans la vallée du Chélif. Les partisans de l'émir voyaient leurs
troupeaux enlevés, leurs silos vidés, tandis que l'appât du
butin grossissait le nombre des auxiliaires indigènes qui
combattaient avec nous.
Dans l'est, Msila était occupé en 1841 ; Tebessa, en 1842.
Les tribus limitrophes de la Méfidja demandaient l'aman, et les
environs d'Alger retrouvaient la sécurité nécessaire.
Cependant Abd el-Kader, se sentant hors d'état de lutter
franchement, évitait toute rencontre décisive. Il abritait sa
smala dans l'extrême Sud, et, avec une poignée de cavaliers, |
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