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passait entre nos colonnes pour réveiller les dévouements, punir
les défections, ramener les indécis.
L'Ouarsenis était devenu comme sa
forteresse centrale. On y pénétra et l'on força les Beni Ourar à
la soumission.
Les montagnards des environs de Cherchel
s'étant soulevés, ils furent vigoureusement refoulés, et, pour
dominer le pays, un camp permanent fut établi sur le point
stratégique d'el-Esnam, qui devint Orléansville. Une garnison fut
placée à Ténès et une route ouverte à travers le Dahra relia
ces deux positions.
Sur la lisière des Hauts-Plateaux, des
garnisons furent installées à Boghar, Teniet, Tiaret, Sidi bel Abbès.
Les troupes, formées on colonnes
légères, marchaient avec une rapidité remarquable et
multipliaient les coups de mains heureux.
1843. -- Prise de la smala.
-- Au mois d'avril, le duc d'Aumale partit de Boghar avec 600
cavaliers, et surprit la smala d'Abd el-Kader à Taguin. Il y avait
là 6,000 personnes, dont 5,000 combattants, mais la soudaineté de
l'attaque ne leur permit pas de se reconnaître. On fut obligé de
laisser s'échapper une partie de la smala, mais on enleva 3,000
prisonniers et un immense butin. On n'avait perdu qu'une vingtaine
d'hommes tués ou blessés, et l'ennemi 300.
D'autres colonnes donnaient la chasse à
l'émir, qui était aux abois; les populations étaient épuisées;
les réguliers à peu près détruits. Abd el-Kader se décida à
disparaître momentanément. Il opéra une razzia sur les Hamian
alors en guerre avec l'empereur Abd er-Rahman, et, « après cet
acte dé courtoisie arabe », passa sur le territoire marocain, où
il installa ce qui restait de sa smala.
1844.-- Campagne du Maroc.
- Il travailla dès lors à entraîner l'empereur du Maroc dans la
guerre sainte, et
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fut soutenu par les prédications des khouan de Moulaï Taïeb et
des Aïssaoua.
Au mois de mars 1844, il vint razzier nos tribus.
Pour empêcher le retour de ces incursions, on occupa la zaouïa de
Lalla Maghnia à l'ouest de la Tafna ; les Marocains, prétendant
à cette rivière comme ligne frontière, réclamèrent et vinrent
attaquer ce poste. Des pourparlers furent entamés, mais, une
conférence entre le général Bedeau et le commandant des forces
marocaines ayant été rompue par une attaque de la cavalerie
marocaine, le maréchal Bugeaud mit ses troupes en mouvement et, le
17 juin 1844, occupa Oudjda.
Une escadre française, commandée par le prince de Joinville, fut
envoyée sur les côtes.
Bataille de l'Isly (14 août 1844). - Les satisfactions
réclamées n'ayant point été données, le maréchal Bugeaud se
porta en avant le 13 août, et attaqua le lendemain l'armée
marocaine, forte de 30 à 40,000 hommes, campée sur les hauteurs
de la rive droite de l'oued Isly. Il la battit et la dispersa
complètement. L'engagement fut peu meurtrier, puisqu'on estime à
800 hommes seulement les pertes de l'ennemi, mais les conséquences
morales en furent considérables ; les Marocains, commandés par le
fils de l'empereur, avaient perdu leur camp, leurs canons, leurs
drapeaux, leurs munitions.
De son côté, l'escadre avait bombardé Tanger le 6 août, et en
avait ruiné les fortifications. Le 15, elle bombarda Mogador, et
jeta à terre des compagnies de débarquement qui achevèrent de
détruire les ouvrages de défense.
« Cette double exécution et la bataille de l'Isly mirent fin aux
velléités de résistance de l'empereur du Maroc. » |
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