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Partout la résistance fut opiniâtre. Cependant les tribus finirent par offrir leur soumission, et Bou Baghla se réfugia dans la grande Kabylie. Cette campagne fut rude et meurtrière, mais les résultats peu durables.

Au mois de novembre de la même année, l'agitation persistant dans la vallée du Sebaou (grande Kabylie), le général Pélissier, gouverneur par intérim, dirigea deux fortes colonnes entre Tizi-Ouzou et Dra el-Mizan ; il châtia durement les tribus rebellés en incendiant 29 villages.

Au commencement de 1852, Bou Baghla reparut dans l'oued Sahel; il fut rejeté dans la montagne par le général Bosquet. Les opérations intermittentes des petites colonnes isolées ne pouvant amener de résultat définitif, le général Randon, alors gouverneur de l'Algérie, prépara un plan d'ensemble pour pacifier la Kabylie. En attendant le moment d'entreprendre cette campagne, il fit amorcer les routes qui devaient faciliter la marche des colonnes.

En 1853, le général Randon, à la tête de deux divisions commandées par les généraux Bosquet et de Mac-Mahon, formant un total de 10,000 hommes d'infanterie (un seul escadron de spahis) , réalisa d'abord la soumission de la Kabylie des Babor ou Petite Kabylie, sur laquelle l'expédition de 1851 n'avait fait que peu d'impression. Les deux colonnes opérant sur chaque rive de l'oued Agrioun se rejoignirent à l'embouchure. Toutes les tribus se soumirent solennellement. Une route fut ouverte de Djidjelli à Constantine par Mila.

La guerre d'Orient amena une réduction sensible dans l'effectif des troupes d'Algérie, la tranquillité ne fut troublée cependant que dans la grande Kabylie où Bou Baghla fomenta une nouvelle insurrection. Deux divisions, sous le commandement du gouverneur (général Randon), parties, l'une de Sétif, sous les ordres du général de Mac-Mahon, l'autre, de Tizi-Ouzou, sous ceux du général Camon, marchèrent à la rencontre l'une de l'autre et firent leur jonction au cœur de la grande Kabylie (juin).

    

 

   

Elles enlevèrent les villages fortifiés au prix de grandes fatigues et de pertes sensibles (un millier d'hommes tués ou blessés). Les Beni Raten et les Beni Menguillet firent leur soumission. Bou Baghla perdit toute influence, et fut obscurément tué peu après (décembre) dans l'oued Sahel.

Pendant les années 1855 et 1856, régna un calme relatif, troublé pourtant par quelques mouvements de tribus qui nécessitèrent une nouvelle expédition en 1856.

Campagne du Djurdjura. - Enfin, au printemps de 1857, le maréchal Randon put entreprendre la grande opération qu'il projetait depuis quatre années. Il y employa plus de 30,000 hommes, formés eu quatre divisions, sous les ordres des généraux Renauld, de Mac-Mahon, Jusuf, Maissiat. Les Beni Raten, attaqués les premiers, se défendirent énergiquement, mais, écrasés par le nombre, ils cédèrent après une lutte de deux jours.

Après eux, les Beni Menguillet, retranchés dans le village d'Icheriden, soutinrent (le 24 juin) un sanglant combat contre la division de Mac-Mahon ; puis les Beni Yeni (11 juillet). Ces combats amenèrent la soumission successive de toutes les tribus encore en armes. Elles livrèrent des otages et payèrent des contributions de guerre. La campagne avait duré 60 jours.

La Kabylie, qui n'avait jamais obéi aux maîtres de l'Algérie, était domptée; des routes militaires furent ouvertes dans les montagnes et le fort Napoléon fut construit sur le plateau de Souk el-Arba, chez les Beni Raten, pour maîtriser le pays.

 


 

 
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