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PÉRIODE DE 1858 A 1871.
La soumission de la grande Kabylie marque
la fin de la période de conquête. Désormais la souveraineté de
la France est assise sur l'Algérie entière, des frontières du
Maroc à celles de Tunisie. Dans l'extrême Sud, les tribus de
grands nomades, dont les parcours s'étendent de la chaîne
saharienne jusqu'au Gourara, reconnaissent son autorité. C'est par
elles cependant qu'arriveront, plusieurs fois encore, les
excitations à la révolte, et l'insurrection se propagera parfois
jusqu'au Tell avec la rapidité des incendies.
Expédition du Maroc (1859).
Sur la frontière du Maroc, les Angad,
les Beni Snassen, tribus remuantes, ne reconnaissant aucune
autorité, ne respectant ni frontières, ni traités, avaient
renouvelé leurs incursions sur le territoire français.
Un camp fut formé à l'oued Kiss (oued
Adjeroun), et, malgré les ravages causés par le choléra, deux
divisions (Valsin et Jusuf), opérèrent sur les Beni Snassen et
enlevèrent leur village fortifié de Tagma. Les Angad et les Maya
furent également atteints et châtiés.
Plus au sud, une colonne sortie de
Géryville opéra une grande razzia sur les Beni Guil.
Insurrection de 1864.
La région du Sud, entre Géryville et
Ouargla, avait été érigée en un grand commandement au profit de
Si Hamza, le chef des Oulad Sidi Cheikh. Il mourut
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du choléra à Alger en 1861. Son fils aîné, Sidi bou Beker,
servit aussi la France avec fidélité; il mourut à son tour, peu
de temps après. Son frère Si Sliman, froissé dans ses rapports
avec l'autorité française, se laissa entraîner par son oncle, Si
Lala, et leva l'étendard de la révolte.
Le lieutenant-colonel Beauprêtre, commandant supérieur de Tiaret,
se porta aussitôt vers le Djebel-Amour; le 8 avril, il campait
avec une petite colonne d'une centaine d'hommes d'infanterie à
Aïn Sidi bou Beker, près de Stitten. Son camp fut surpris pendant
la nuit, et il fut massacré avec toute sa colonne. Si Sliman fut
tué dans cette affaire.
Toutes les tribus du Djebel-Amour se soulevèrent et l'insurrection
gagna le Tell.
Une colonne, conduite dans le Sud par le général Deligny,
n'obtint que des succès sans résultat. Dans l'Ouarsenis, la
belliqueuse tribu des Flitta prit, à son tour, les armes, à la
voix du marabout Si Lazereg. Le caravansérail de la Rouïa, sur la
route de Mostaganem, fut attaqué et fut brûlé avec ses
défenseurs ; les villages d'Ammi Moussa et de Zemmora furent
pillés et incendiés. La mort de Si Lazereg, tué par un boulet,
déconcerta les Flitta, qui, après quelque résistance, firent
leur soumission.
Dans le sud de la province d'Alger, les généraux Jusuf et
Liébert avaient contenu les populations hésitantes et opéré
quelques razzias.
Mais, dans le Sud-Oranais, on subissait un échec à el-Beïda et
Si Lala allait ravager le pays jusqu'aux portes de Tlemcen. Si
Mohammed, qui avait remplacé Si Sliman, à la tête des Oulad Sidi
Cheikh, ayant été blessé mortellement, le 4 février 1865, dans
un engagement contre le général Deligny, l'insurrection entra
dans sa période de décroissance; mais les |
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