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   ont de larges lits ordinairement à sec, mais, parfois aussi, soudainement remplis par des crues d'une grande violence.

Tout ce terrain est déboisé ; on n'y trouve de traces de cultures ou de végétation que dans quelques bas-fonds où les nomades viennent planter leurs tentes.

Cependant ce pays a dû être riche et peuplé; la grande route de Kairouan à Gafsa est jalonnée par de nombreuses ruines romaines et par des débris d'aqueducs. A en juger par leur étendue, de grandes villes ont dû exister à Hadj el - Aïoun, Djilma (Oppidum Gilmense), Sbeitla (Sufetula) ¹, etc.

L'oued el-Hathob, qui prend successivement les noms -d'oued el-Fekka, d'oued Zeroud et d'oued Bagla, marque la ligne la plus creuse sur le versant méridional de la grande chaîne; il commence dans le massif de Tebessa, où se trouve aussi la tête des eaux qui alimentent les oasis de Gafsa.

Il reçoit sur sa rive gauche plusieurs affluents fort intéressants parce que ce sont eux qui jalonnent les routes à travers la grande chaîne. Les plus importants sont l'oued Sbeitla et l'oued er-Rouhia. Ces eaux se réunissent dans la grande sebkha Kelbia, séparée de la mer par un chapelet de bas-fonds, de sorte que l'on peut admettre qu'une communication a existé entre cette sebkha et la sebkha d'Hergla sur la côte 2.


¹ Cependant à l'époque romaine, le manque d'eau et de bois était déjà signalé par Salluste; Marius allant assiéger Gafsa dut marcher trois jours sans trouver d'eau. Il est probable que l'on devait aménager dans des citernes ou retenir par des barrages les eaux de la saison pluvieuse qui est très courte (décembre et janvier), mais très abondante.
2 M. le Dr Rouire, s'appuyant sur cette circonstance et interprétant les textes anciens de Ptolémée, propose d'identifier la sekha Kelbia avec le lac Triton que le commandant Roudaire pensait devoir être retrouvé dans les grands chotts du Sud.

    

 

   

La ville importante de cette région est Kairouan (15,000 hab.), fondée par Sidi-Okha en 674 (alt. 75m), qui a eu ses jours de splendeur, alors qu'elle était le siège du premier kalifa arabe.

Maintenant ce n'est qu'une triste ville, au milieu de plaines incultes et inhabitées, mais c'est toujours un foyer actif de propagande religieuse. Avant l'occupation française aucun juif ni chrétien n'avait droit de s'y installer.

Région saharienne. - Au sud du bassin de Kairouan commence la région saharienne, que traversent, de l'ouest à l'est, les chaînons qui bordent la dépression des grands chotts.

La partie au nord des chotts se subdivise en deux versants: le Djerid à l'ouest, l'Arad à l'est, ce dernier faisant suite au Sahel. Les oasis de Gafsa sont le centre du versant occidental, celles de Gabès celui du versant oriental.

Le Djerid (pays des palmes) n'est à proprement parler que le pays au nord de l'isthme de Kriz qui sépare le chott Djerid et le chott Rharsa et où se trouvent les riches oasis de Tozeur et de Nefta ; mais ce nom est souvent étendu à toute la région des oasis du sud.

Le Djerid a des sources abondantes et une protection de montagnes contre les vents du nord, c'est-à-dire des conditions exceptionnelles de fertilité. Les dattes, les oranges sont d'une qualité exceptionnelle.

Il en exporte une grande quantité et produit aussi des légumes et quelques céréales.

On compte un million de palmiers sur une superficie de 2,000 hectares autour de Tozeur, de Nefta, d'el-Hamma, et d'Oudian.

 
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