Pages précédentes GÉOGRAPHIE MILITAIRE  LIVRE VI ALGÉRIE et TUNISIE Pages suivantes
 - 392 -  Retour page Table des matières  - 393 -
   
   militaire de la Tunisie et l'établissement d'un protectorat.

Établissement du protectorat français. - Le point de départ de l'intervention française fut la répression du brigandage des populations de la Kroumirie sur la frontière algérienne, mais le but que se proposait le gouvernement français était l'extension de son influence sur la Tunisie entière et la protection de nombreux intérêts français compromis, d'un côté, par l'administration défectueuse de la Régence, combattus, de l'autre, par certaines influences étrangères.

Depuis les malheurs de 1871, c'était la première fois que la France sortait de son recueillement. En 1878, lors du congrès de Berlin, elle s'était assurée des bonnes dispositions de l'Angleterre, qui, de son côté, acquérait Chypre, et de l'assentiment de l'Allemagne. L'Italie seule pouvait montrer quelque jalousie, mais, isolée, son mauvais vouloir devait rester à l'état latent.

Expédition de Kroumirie. - Un corps expéditionnaire, composé de trois divisions, présentant un effectif de 23,000 hommes, fut réuni sous le commandement du général Forgemol. Le 22 avril 1881, les troupes se mirent en mouvement. La Kroumirie fut abordée par la frontière algérienne et par Tabarka.

L'effectif relativement considérable des colonnes, l'habileté des dispositions prises, et la prodigieuse rapidité des marches ne permirent pas aux Kroumirs d'opposer de résistance sérieuse. On avait d'ailleurs exagéré leur nombre et leurs moyens d'action. Leurs montagnes furent pénétrées dans tous les sens et le pays facilement occupé.

Une colonne entrait au Kef (2 mai).

    

 

   

La Turquie, revendiquant ses droits de puissance suzeraine, prétendit alors envoyer des troupes et des vaisseaux de guerre sous prétexte de coopérer au rétablissement de la tranquillité. Ce projet ne fut connu en France que lorsque l'escadre turque était déjà à la hauteur de la Canée (5 mai).

La Sublime-Porte fut aussitôt avisée que la France ne tolérerait pas son ingérence et l'ordre fut donné à l'escadre française de s'opposer; même par la force, au passage de la flotte ottomane. La Turquie dut céder et se borner à envoyer avec quelque ostentation des troupes nombreuses en Tripolitaine, tout en encourageant secrètement l'insurrection des tribus.

Simultanément, une brigade formée à Toulon sous les ordres du général Bréart, était inopinément débarquée à Bizerte et marchait aussitôt sur Tunis.

Traité du Bardo. - Le 12 mai 1881, M. Roustan, consul général de France et le général Bréart présentaient au palais du Bardo un traité de protectorat auquel le bey dut se soumettre.

L'influence française, soutenue par des forces militaires suffisantes pour briser toute résistance, était dès lors imposée à la Tunisie; cependant un grand nombre de tribus de l'intérieur se mirent en état d'insurrection; tandis que les troupes tunisiennes, placées sous le commandement des généraux français, contribuaient d'ailleurs â la pacification.

On crut alors possible de donner satisfaction à quelques manifestations de l'opinion publique en France, qui, mal éclairée sur la portée de l'intervention en Tunisie, exagérant certains accidents survenus dans l'état sanitaire des troupes, et influencée fâcheusement

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes