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militaire de la Tunisie et l'établissement d'un protectorat.
Établissement du protectorat
français. - Le point de départ de l'intervention française
fut la répression du brigandage des populations de la Kroumirie sur
la frontière algérienne, mais le but que se proposait le
gouvernement français était l'extension de son influence sur la
Tunisie entière et la protection de nombreux intérêts français
compromis, d'un côté, par l'administration défectueuse de la
Régence, combattus, de l'autre, par certaines influences
étrangères.
Depuis les malheurs de 1871, c'était la
première fois que la France sortait de son recueillement. En 1878,
lors du congrès de Berlin, elle s'était assurée des bonnes
dispositions de l'Angleterre, qui, de son côté, acquérait Chypre,
et de l'assentiment de l'Allemagne. L'Italie seule pouvait montrer
quelque jalousie, mais, isolée, son mauvais vouloir devait rester
à l'état latent.
Expédition de Kroumirie. - Un
corps expéditionnaire, composé de trois divisions, présentant un
effectif de 23,000 hommes, fut réuni sous le commandement du
général Forgemol. Le 22 avril 1881, les troupes se mirent en
mouvement. La Kroumirie fut abordée par la frontière algérienne
et par Tabarka.
L'effectif relativement considérable des
colonnes, l'habileté des dispositions prises, et la prodigieuse
rapidité des marches ne permirent pas aux Kroumirs d'opposer de
résistance sérieuse. On avait d'ailleurs exagéré leur nombre et
leurs moyens d'action. Leurs montagnes furent pénétrées dans tous
les sens et le pays facilement occupé.
Une colonne entrait au Kef (2 mai).
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La Turquie, revendiquant ses droits de puissance suzeraine,
prétendit alors envoyer des troupes et des vaisseaux de guerre
sous prétexte de coopérer au rétablissement de la tranquillité.
Ce projet ne fut connu en France que lorsque l'escadre turque
était déjà à la hauteur de la Canée (5 mai).
La Sublime-Porte fut aussitôt avisée que la France ne tolérerait
pas son ingérence et l'ordre fut donné à l'escadre française de
s'opposer; même par la force, au passage de la flotte ottomane. La
Turquie dut céder et se borner à envoyer avec quelque ostentation
des troupes nombreuses en Tripolitaine, tout en encourageant
secrètement l'insurrection des tribus.
Simultanément, une brigade formée à Toulon sous les ordres du
général Bréart, était inopinément débarquée à Bizerte et
marchait aussitôt sur Tunis.
Traité du Bardo. - Le 12 mai 1881, M. Roustan, consul
général de France et le général Bréart présentaient au palais
du Bardo un traité de protectorat auquel le bey dut se soumettre. L'influence
française, soutenue par des forces militaires suffisantes pour
briser toute résistance, était dès lors imposée à la Tunisie;
cependant un grand nombre de tribus de l'intérieur se mirent en
état d'insurrection; tandis que les troupes tunisiennes, placées
sous le commandement des généraux français, contribuaient
d'ailleurs â la pacification. On crut
alors possible de donner satisfaction à quelques manifestations de
l'opinion publique en France, qui, mal éclairée sur la portée de
l'intervention en Tunisie, exagérant certains accidents survenus
dans l'état sanitaire des troupes, et influencée fâcheusement |
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