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frontière a été déterminée jusqu'au 32° de latitude par le
traité du 18 mars 1845. L'article 4 du traité porte qu' « au
delà il est inutile d'établir une limite puisque la Terre ne se
laboure pas ». On a énuméré seulement les tribus nomades qui
relèveraient de chaque gouvernement; il en résulte que, pour
châtier les tribus insurgées, les colonnes françaises doivent,
quelquefois s'engager très loin vers l'ouest en entrant en contact
avec les tribus marocaines, ce qui ne laisse pas que d'offrir de
graves inconvénients, comme on le verra plus loin.
A l'époque où le traité a été
signé, on connaissait imparfaitement les conditions politiques et
géographiques de cette région, et l'on a laissé au Maroc la ville
d'Oudjda dont le caïd (Amel) exerce une certaine autorité sur les
tribus nomades qui passent tantôt sur un territoire, tantôt sur
l'autre.
L'Algérie, dans le sens de la
profondeur, peut se diviser, avons-nous dit, en trois zones
parallèles à la côte et présentant des caractères très
distincts. Ce sont les régions du Tell, des Hauts-Plateaux, et du
Sahara.
Au premier abord, il pourrait sembler
logique, dans une description de l'Algérie, de considérer
successivement les trois zones naturelles; mais cette division
aurait pour inconvénient de disjoindre les régions entre
lesquelles s'établissent les relations ordinaires des populations
algériennes.
En effet, le mouvement périodique des
nomades du Sahara est une sorte de balancement annuel du sud au nord
et du nord au sud, et, lorsque nos troupes
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ont à châtier leurs insurrections, c'est également dans une
direction générale du nord au sud qu'elles doivent opérer ; au
contraire les relations commerciales et les mouvements militaires de
l'ouest à l'est sont relativement fort rares.Dès que l'on s'est occupé d'organiser
la conquête, on a partagé l'Algérie en trois provinces dans le
sens perpendiculaire à la côte, et l'on n'a fait que consacrer
ainsi une division naturelle existant à toutes les époques.
Les tribus ont fort peu de rapports de province à province. Elles
se traitent en étrangers, sinon en ennemis.
Pour les Larbaâ de la province d'Alger, par exemple, les Trafi de
la province d'Oran sont les gens de l'ouest, les ennemis ordinaires,
et l'on peut assez facilement opposer les uns aux autres.
Ces provinces sont devenues aujourd'hui des départements
administratifs et sont restées des commandements militaires de
division et chaque province a ses régiments spéciaux.
L'esprit de particularisme ancien s'est conservé dans une certaine
mesure, de sorte que les limites conventionnelles tracées sur les
cartes ont acquis autant de valeur qu'une barrière réelle marquée
par quelque accident géographique.
Il est donc normal de conserver cette division, au moins jusqu'au
Sahara, et nous étudierons sommairement chacune de ces régions en
leur conservant l'ancienne dénomination de province.
Le cours supérieur du Chélif, orienté
du nord au sud, en s'écartant peu de la direction du méridien de
Paris, sépare l'Algérie en deux parties à peu près égales et
très différentes de configuration :
A l'ouest, les vallées fertiles et les
massifs montagneux |
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