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Elles présentent, en général, de
fortes escarpes vers le nord l'oued Sikka franchit la dernière
d'entre elles à l'est de Tlemcen, en formant des cascades
remarquables.
Tlemcen, adossé au dernier étage
de ces montagnes, au pied des rochers à pic de Lella Setti (1016m),
à la lisière des calcaires jurassiques et dominant les riches
terrains des couches tertiaires, est ainsi dans une situation
exceptionnellement avantageuse. Les observations géologiques qui
précèdent expliquent l'importance que cette ville a eue de tout
temps. Abritée des vents brûlants et des sables du Sahara par les
écrans des montagnes, elle reçoit, au contraire, les vents plus
frais de la mer. Son altitude de 830 mètres lui donne un climat
sain et tempéré, avec une température moyenne de 17° environ, et
des écarts de 0° en décembre et de 41° en août (la moyenne du
mois d'août restant inférieure à 30°).
La ville est entourée de belles cultures
et de magnifiques bois d'oliviers qui fournissent des huiles
renommées.
Avec 18,400 habitants en 1886, c'est la cinquième ville de
l'Algérie après les trois chefs-lieux de départements et Bône.
C'est un centre de marchés importants, fréquentés par les
caravanes du Sud-Oranais et du Maroc.
Au milieu de la ville est une forts
citadelle, le Mechouar 1, l'ancien palais des
émirs, où sont réunis aujourd'hui les casernes et les
établissements militaires. A côté du quartier européen subsiste
la vieille ville arabe aux maisons à demi effondrées, avec de
vastes et belles mosquées. Les Juifs sont nombreux (3 à 4.000) et
forment une corporation puissante.
Les poètes arabes ont souvent chanté
les beautés de Tlemcen, la reine du Maghreb. Au temps des Romains,
elle s'appelait Pomaria ; au temps des Arabes, c'était Agadir,
sans cesse disputée dans les guerres entre les Almoravides et les
Almohades. Tlemcen devint ensuite la capitale d'un royaume duquel
relevaient Oran, Arzeu, Mostaganem, Mazagran, Nedroma etc.
1 Lieu où se
tient le conseil ; ainsi nommé parce que c'était le lien de
réunion des ministres.
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Elle avait, dit-on, 125,000 habitants. Les sciences et les arts y
étaient en honneur. Elle vit naître des savants et des hommes
illustres, entre autres le célèbre historien Ibn Khaldoun. Ce fut
au XVème et au XVlème siècle " une des villes les mieux
policées et les plus civilisées du monde ".
Au XIVème siècle, elle avait résisté pendant huit ans (1299 à
1308) aux sultans mérinides. Pendant ce long siège, les
assiégeants construisirent, sur l'emplacement de leur camp, une
ville entière, Mansoura, dont l'enceinte et la grande mosquée
offrent encore des ruines fort curieuses et bien conservées.
La domination turque pesa lourdement sur Tlemcen pendant près de
300 ans.
Après la prise d'Alger par les Français, l'empereur du Maroc Abd
er-Rhaman tenta de s'en emparer. Les Kouloughlis, sous le
commandement de Mustapha ben Ismaïl, résistèrent courageusement
dans le Mechouar, d'abord pour les Turcs, puis pour les Français,
qui les prirent à leur solde.
Occupée par le général Clauzel en 1836, Tlemcen fut
énergiquement défendue par le capitaine Cavaignac; le traité de
la Tafna (20 mai 1837) la céda à Abd el-Kader, qui en fit sa
capitale. Depuis 1842, elle a été définitivement gardée par
nous.
A quelques minutes au nord de Tlemcen, le village arabe de Sidi bou
Médine s'est groupé avec ses jardins et ses vergers sur le flanc
de la montagne, auprès d'une fort belle mosquée et du tombeau
d'un marabout vénéré. C'était autrefois le lieu de retraite et
de repos favori des sultans de Tlemcen.
Lorsque la Tafna a réuni ses eaux à celles de l'Isser, à Remchi,
elle coule directement au nord en perçant la chaîne du littoral. Les
montagnes qui constituent cette chaîne ont un relief important,
rendu plus sensible par le voisinage de la mer. Nous donnons à leur
ensemble le nom de Monts des Traras. L'orientation des
crêtes est toujours sensiblement la même avec quelques variations
de direction. |
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