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Le caractère principal de ces grandes
plaines est leur aridité. Dans bien des endroits le sol serait
fertile s'il était arrosé; mais il ne pleut presque jamais,
quelques jours à peine vers les équinoxes. La terre desséchée
boit rapidement les eaux ; le peu qui n'est pas absorbé ou emporté
par l'évaporation causée par des vents d'une extrême violence, se
rassemble dans quelques trous naturels, ghedir, où elle
séjourne quelques jours, quelques semaines parfois, à moins que
des troupeaux ne viennent les épuiser.
En certaines places, lorsqu'une couche
imperméable forme cuvette à quelque distance de la surface, on
peut creuser des puits dans lesquels l'eau se conserve toute
l'année. Ce sont des oglat, près desquels se trouve parfois
un campement permanent, mais ces points d'eau sont extrêmement
rares.
Enfin, dans les parties les plus basses
des plateaux, se voient des bassins plus ou moins étendus : mares,
étangs ou lacs, la plupart du temps desséchés, qu'on appelle dava,
sebkha ou chott, suivant leur étendue, derniers résidus du grand
lac intérieur dont les rivages étaient autrefois la falaise
tellienne au nord, les escarpes de la chaîne saharienne au sud.
En hiver, les pluies et les neiges y
amènent une couche d'eau très mince qui, en s'évaporant, dépose
en efflorescences blanchâtres les sels qu'elles ont dissous en
coulant sur les roches magnésiennes ou qui sont ramenés du sous-sol
par un phénomène de capillarité.
Les plus importants sont les chotts
el-Gharbi et ech-Chergui (c'est-à-dire les chotts de l'ouest et de
l'est). Pendant l'été, on peut les traverser presque partout en
prenant simplement la précaution d'éviter le danger de
l'enlisement dans les flaques de sables mouillés.
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Mais la chaleur produite par la réverbération impose des fatigues
extrêmement pénibles à des hommes à pied. De décevants mirages
semblent toujours annoncer l'approche d'une nappe liquide qui
n'existe pas et sur laquelle paraissent se refléter de îles et
des rivages imaginaires.
Dans ces lacs sans eau viennent finir des vallées également
arides. Les cartes doivent cependant les indiquer soigneusement,
non pas tant à cause de l'importance du relief qui les borde,
qu'en raison des puits ou des ghedirs qu'on peut y rencontrer.
C'est là aussi que l'on peut espérer trouver encore quelques
arbustes rabougris, quelques broussailles de jujubiers sauvages
épargnés par le feu des campements des nomades arabes ou des
colonnes françaises.
Sur ces immenses étendues, aussi grandes en surface que le Tell
tout entier, il n'existe en effet aucune culture, et, en fait de
végétation naturelle, il n'y pousse que de l'alfa, du diss, clos
touffes de thym ou de lavande, et quelques antres plantes
ligneuses.
Parfois, après les pluies, apparaissent soudain de véritables
prairies émaillées de fleurs éphémères que l'humidité a fait
éclore en quelques jours et que le brûlant sirocco flétrira en
quelques heures.
Si misérables que paraissent être ces pauvres plantes, dont le
robuste tempérament s'accommode de la sécheresse ordinaire du
sol, de l'envahissement du sable, des rigueurs d'un climat excessif
dont les écarts sont parfois de 40 à 50 degrés, entre le froid
glacial des nuits et la chaleur torride du soleil de midi, elles
n'en constituent pas moins des ressources d'autant plus précieuses
que ce sont les seules qui permettent aux nomades |
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