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   en broyer les rudes tiges épineuses et trouver une nourriture dans les brindilles desséchées que l'on ne croirait propres qu'à faire dit feu et que l'on appelle pour cela le bois de chameaux.

Tel qu'il est, le désert a son charme ; l'Arabe aime ses vastes horizons, son silence, la majesté de ses nuits, soit que les étoiles piquent de leurs mille points brillants un ciel sombre et profond dans une atmosphère sans vapeurs, soit que la lune projette son éblouissante clarté sur les plaines sans limites; mais le vent du sud y vient trop souvent pousser ses rafales de sable; il est difficile de rendre l'angoisse qui saisit alors hommes et animaux étouffés dans un air brûlant et irrespirable.

Quoi qu'il en soit, cette vie de la tente a exercé aussi son attrait sur beaucoup d'entre nous qui, libres d'autres soucis, ont pu la mener librement ; on comprend que le nomade tienne à cette existence, qu'il ne veuille pas l'échanger contre la contrainte de nos habitudes, qu'il dédaigne les avances fallacieuses que la civilisation vient lui faire, et qu'il soit l'ennemi forcément irréconciliable de quiconque voudra lui en imposer les entraves.

Les principales tribus nomades du Sud-Oranais sont, en allant de l'ouest à l'est. à partir de la frontière du Maroc, les Oulad en-Nahr, fraction dissidente des Oulad Sid Cheikh;

les Oulad Balagh ;

les Hamian, qui se divisent en deux grandes fractions, dont l'une est marocaine; tribus remuantes, incertaines, difficiles à gouverner;

les Beni Matar, au nord du chott;

les Yacoub, grande tribu, mais dont les migrations sont restreintes et qui s'éloigne peu des chotts;

    

 

   

les Rezaina, refoulés du Tell, et qui campent actuellement les sud du chott;

les Harar, puissante tribu qui s'étend depuis les pieds de l'Ouarsenis jusqu'au Djebel-Amour ;

les Trafi, la plus importante de toutes, dont les migrations s'étendent du Gourara aux limites du Tell. Serviteurs religieux des Oulad Sidi Cheikh, ils ont été entraînés dans toutes les insurrections et constituent la majeure partie de leurs contingents. Ils ont tous émigré au Maroc au moment de l'insurrection de 1881, et n'ont été autorisés à rentrer qu'en 1883.

Les Harar se sont souvent montrés d'une fidélité incertaine; mais comme ils sont rapprochés de nos postes et campent dans le territoire compris entre Frenda, Tiaret, Aflou et Géryville, on peut les surveiller assez efficacement. Un poste a, dans ce but, été créé à Aïn Oussekr, entre Aflou et Tiaret. La résidence de leur agha, el-Hadj Kaddour ben Sahraoui, était, à Aïn Souguer, à une vingtaine de kilomètres au Sud de Tiaret 1 .

II n'y a pas de route, à proprement parler, à travers les Hauts-Plateaux oranais, mais seulement des pistes que suivent les convois. On peut d'ailleurs passer presque partout, mais les directions sont néanmoins absolument fixées par la nécessité

1 En 1864, l'attitude de ce personnage, au moment du massacre de la colonne Beauprêtre avait paru douteuse, il s'était éloigné avec ses goums, lorsque les Oulad Sidi Cheick attaquèrent la colonne. En 1881, il a évité de se compromettre. Vivant toujours loin de nos établissements, sans faire aucune concession aux habitudes françaises, il représentait presque seul dans la province d'Oran ces grands chefs militaires avec lesquels l'autorité est obligée de compter si elle craint de les supprimer. Sa fortune énorme ne consistait qu'en troupeaux et en argent. qu'il emportait avec lui. Il n'avait ni terres, ni maisons. On jugea nécessaire de l'interner à Alger. Il est mort en 1889.
Par contre, le bach agha de Frenda (mort en décembre 1884) était d'une vieille famille dont l'amitié et le dévouement ne se sont point démentis. C'est lui qui a donné les premiers renseignements sur les mouvements qui agitaient, les tribus en 1871 et qui a prévenu de l'insurrection menaçante.

 
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