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   Abouan. Elles ont 200,000 palmiers, dit-on. C'est le point de départ des caravanes qui vont à Timbouctou par Taudeni et de celles qui vont au Touat. C'est donc un important centre de trafic où viennent s'approvisionner les tribus sahariennes du sud-ouest. Elles sont arrosées par l'oued Sis, qui disparait sous les sables dans la sebkha de Daoura (29° lat. nord).

Vient ensuite la région du Zegdou, habitée par des populations remuantes et belliqueuses, chez lesquelles nos tribus sahariennes révoltées sont assurées de trouver le refuge dont elles ont besoin, et qui, d'autre part, fournissent les plus nombreux contingents aux insurrections du Sud-Oranais.
Ce pays est traversé par l'oued Guir et par ses tributaires, dont un des principaux est l'oued Zousfana, qui vient des oasis de Figuig. L'oued Guir change plusieurs fois de nom; après avoir reçu l'oued Zousfana, on l'appelle oued Messaoud, Messaoura ou Saoura. Sa vallée est une suite d'oasis et de villages, avec de l'eau abondante à chaque étape, et des ressources variées jusqu'au Gourara. Le voyageur allemand Rohlfs dit qu'on l'appelle Ghaba (la forêt) à cause de ses nombreux palmiers.

Expédition du général de Wimpfen (1870).

Au commencement de l'année 1870, des incursions de tribus marocaines avant eu lieu sur notre territoire, le général de Wimpfen, commandant alors la division d'Oran, sollicita et obtint l'autorisation de conduire une expédition au centre même de ce foyer d'hostilité.
Au mois de mars 1870, il rassembla donc une colonne nombreuse1 aux puits d'Aïn ben Khelil, et se porta sur le Zegdou. Il laissa un poste, pour jalonner sa route, aux oasis de Bou Kaïs, dont les cultures magnifiques s'étendent sur 40 ou 50 hectares, et traversa l'oasis de Kenadsa (30 kilomètres de l'oued Guir), dont la zaouïa, très vénérée, envoie de nombreux missionnaires dans le Tell algérien.

1 1500 hommes d'infanterie, 12 escadrons, 600 chameaux, des cavaliers de boums, 3 sections d'artillerie.

    

 

   

Le 11 avril, la cotonne arriva sur les bords de l'oued Guir. Une crue subite venait de gonfler le fleuve; large alors comme un bras de mer, " ses vagues écumantes bondissaient, comme les flots d'une mer en courroux. "
Tout ce pays est remarquable par la richesse de ses cultures et de ses pâturages toujours frais1. On descendit le long du fleuve pendant deux étapes, et, le 15 avril au matin, on arriva " au point nommé Bahariat, ou les petites mers, parce que c'est la partie la plus large de cette riche vallée, dont la fertilité est due aux crues périodiques d'une rivière qui, petite image du Nil, féconde de ses eaux des surfaces très étendues ".
" ..... Au centre de ces lagunes, et sur une étendue de 8 à 10 kilomètres, s'élèvent des dunes, qui forment une espèce de grande place forte naturelle où les Douy Menia s'étaient réunis avec leurs troupeaux et leurs richesses. "
Cette très forte position fut attaquée et enlevée le 15 avril. Le rapport du général de Wimpfen évalue à 16,000 le chiffre des populations concentrées autour de ce point, dont 7 à 8,000 hommes armés,
Deux jours après, la colonne, ayant reçu des otages comme garantie des conditions de paix, rétrograda.
Pendant cette expédition, le poste de Ben Kaïs avait été attaqué à plusieurs reprises. Le général de Wimpfen voulut châtier les coupables de cette agression et se porta sur Aïn Chaïr. Celte oasis est dominée par un ksar fortifié. Deux cents coups de canon furent tirés sur son enceinte de terre; mais les projectiles passaient " comme une vrille dans une planche ", sans produire d'effet sérieux. L'attaque fut ordonnée ; l'oasis fut enlevée; mais les efforts des assaillants furent arrêtés par la résistance du ksar. Cette affaire coûta 14 tués et 130 blessés. Le lendemain eurent lieu quelques pourparlers que l'on voulut bien considérer comme un acte de soumission, et la colonne reprit sa marche.

Cette expédition, qu'il nous a paru intéressant de résumer, a permis de connaître un pays sur lequel on avait peu de renseignements,

1 On évalue à 450,000 les palmiers de l'oued Guir.

 
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