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   ses clôtures enchevêtrées, et surtout dans l'esprit guerrier et indépendant de sa population. Les gens de Figuig, que te tracé de la frontière a laissés en dehors de notre territoire, ne sont que nominalement soumis à l'empereur du Maroc, qui n'exerce chez eux aucune autorité effective, mais dont ils réclament l'intervention lorsque leurs intérêts le leur conseillent. Sans attaquer de vive force l'oasis, ce qui nécessiterait un effort considérable, et entraînerait, sans doute, des sacrifices importants, il serait possible de ruiner les ksour par un bombardement et d'amener ainsi à composition ces populations malveillantes, dont l'insolente attitude porte atteinte au prestige de notre puissance et chez lesquelles nos ennemis sont toujours sûrs de trouver appui et refuge; mais l'occupation permanente de ces oasis nous obligerait à nous immiscer dans leur administration, dans leurs procédés commerciaux 1, et nous entraînerait dans des difficultés nombreuses.

Les Zenaga sont les maîtres réels de Figuig. Leurs jardins occupent plus d'un quart de la superficie de l'oasis; ce sont eux qui possèdent la plus grande partie des palmiers des oasis voisines. Ils ont 1600 fusils. Leurs querelles avec; leurs voi­sins d'Oudaghir pour la possession des eaux de l'Aïn Zaddert ont maintes fois ensanglanté les ksour, qui sont ainsi divisés en deux sofs très hostiles.

Les Amour sont, pour ainsi dire, l'unique tribu nomade de l'oasis de Figuig, aux environs de laquelle ils campent.

1 Une des questions les plus délicates à régler avec les tribus qui commercent avec le Soudan, est celle du trafic des esclaves. La condition de l'esclave dans la société arabe est d'ailleurs fort douce. C'est un membre de la famille, traité comme les autres serviteurs et vivant de la vie commune, sans être pour personne un objet de mépris. La femme esclave, épousée par le maître, a les mêmes prérogatives que la femme libre, et les enfants jouissent de droits égaux à ceux des autres. L'empereur du Maroc, Si-Kaddour, un des chefs des Oulad sidi Cheikh, Bou Amama, le marabout Tedjini, etc., descendent de femmes noires.

    

 

   

En dehors de la grande oasis, de nombreux bouquets de palmiers jalonnent le cours de l'oued Zousfana et de sesaffluents. Exploitées par les seuls habitants de Figuig. ces plantations sont loin d'avoir l'extension dont elles sont susceptibles : il suffirait de quelques travaux pour les développer, et les deux rives de la rivière, jusqu'à une grande distance dans le sud, pourraient être transformées en une forêt véritable. En effet, l'oued Zousfana est le collecteur de masses d'eaux considérables qui alimentent de grandes nappes souterraines; sur tous les points où l'on voit des touffes verdoyantes, l'eau est à fleur de terre. « Plusieurs ksour ont existé dans ces bosquets; mais ils ont été abandonnés faute de protection. Ici encore, c'est par suite du manque de sécurité que cette terre ne rend qu'une faible partie de ce qu'elle pourrait produire. »

Ich est le dernier ksar marocain à l'est de Figuig, à l'extrémité d'un long et pénible défilé, au pied d'une montagne qui l'abrite des vents du nord, sur le bord de l'eau, avec tin mil­lier de palmiers et 200 habitants.

L'oued Namous (rivière aux moustiques) reçoit ses pre­mières eaux des environs de la sebkha de Naâma ; une de ses branches supérieures coule dans la vallée, orientée du nord au sud, qui unit la sebkha à Tiout et fournit des eaux abondantes à cette oasis. Un peu plus au sud, il se réunit à l'oued qui draine les eaux du versant nord du Mir el-djebel et du djebel Mekter, entre Aïn Sfissifa et Aïn Sefra. Après avoir traversé les montagnes dans le kheneg el-Hadjadj, il reçoit les eaux de leur versant sud par la rivière des Moghar. Un des points les plus importants de sa vallée inférieure est et-Outed (Outidat), point d'étape des nomades lorsqu'ils se portent de Figuig à Laghouat et cherchent à se tenir en dehors de notre atteinte. Dans le bassin de l'oued Namous sont les ksour principaux d'Aïn Sfissita, Aïn Sefra, Tiout, Moghar.

Aïn Sfissifa est bâti en amphithéâtre sur un plateau incliné à l'est et taillé à pic à l'ouest ; le climat est trop froid pour que les palmiers puissent y pousser. Le ksar est pauvre, mais la position est militairement importante. Il doit son origine à

 
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