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Le plan d'ensemble de sa surface, s'abaisse vers le nord, où il est soutenu par des plis moins élevés.

Le djebel Sidi Lahssen (1408m) et le djebel Archa, qui forment la cluse traversée par le Chélif en aval d'el-Beïda, en sont les derniers accidents; ils forment caps sur les plaines du nord ; de leurs sommets, on voit les avant-chaînes du Tell.
Cet épais massif est le résultat d'un plissement et d'un exhaussement de l'écorce terrestre. La direction du plissement est la direction ordinaire du nord de l'Afrique; mais la masse parait avoir subi un deuxième mouvement, par suite duquel elle a plongé à l'ouest en se brisant et s'escarpant en divers points à l'est.

Ce deuxième mouvement est manifesté par les directions du djebel Ksel et par celle du djebel Lazereg ; il en est résulté que plusieurs des rides qui accidentent la surface du plateau, comme, par exemple, le djebel Okba (1710m), le djebel Gourou (1708m), le djebel Bou Zid au nord d'Aflou, ont une crête orientée nord-est et présentent leur sommet culminant et une forte escarpe à leur extrémité orientale, tandis qu'à l'ouest la crête s'affaisse en pente adoucie jusqu'au plateau.

On trouve dans le Djebel-Amour des plaines élevées ou de larges vallées de pâturages, des pentes qui ont été boisées, mais qui, de leurs anciens manteaux de forêts, n'ont conservé que des arbres isolés : thuyas, chênes verts, lauriers-roses, détruits chaque jour par une dévastation inconsciente.

Une des caractéristiques principales de la portion orientale du Djebel-Amour, sont les plateaux des Gada; on appelle ainsi d'immenses tables de rochers, découpées dans le massif par de profondes érosions. Nues, désolées, avec des murs de pierres éboulées, surmontées par des falaises à pic, presque partout inaccessibles, elles dominent de 50 à 100 mètres et même plus, les vallées qui les entourent. La plus étendue est la Gada d'Enfous, comprise entre l'oued Mzi et l'oued Ghicha, les deux bras supérieurs de l'oued Djedi.
Au pied des Gada, on circule assez facilement dans des vallées presque toujours arrosées et herbeuses: Sur les plateaux,

    

 

   

des pâturages offrent des ressources pour l'élevage des troupeaux. Il n'y a de difficulté à la marche que dans les ravines que l'on doit suivre en descendant.

Au sud, le kef Guebli, qui à une épaisseur de 8 à 12 kilomètres, n'est au contraire franchissable que par un petit nombre de passages; ce sont :
- le teniet el-Ouassa, chemin de Géryville à el-Maïa;
- le teniet Melah, route de Taouiala à Tadjerouna; il est ouvert par l'oued Zergoun, qui, dans la montagne, s'appelle I'oued Melah et passe au pied de deux rochers de sel, d'une altitude de 1284 mètres, masses énormes de sel éruptif aux tons tantôt violets, tantôt blancs ou verdâtres, profondément ravinées par les eaux;
- le teniet ou foum Reddad, route d'Aflou à Aïn Madhi;
- le teniet Seklafa, ouvert par l'oued Mzi, route directe d'Aflou à Laghouat par Tadjemout.

Ces chemins sont tracés dans des vallées de fracture et relativement faciles; on ne trouve en dehors d'eux que des sentiers extrêmement rapides.

La montagne principale du Djebel-Amour est le djebel Touila Makna (la montagne longue des Makna), régulièrement profilée avec une cime de plus de 1900 mètres d'altitude. Elle domine le pauvre ksar et les pâturages de Bou Alem.

La ligne de séparation des eaux entre les deux versants passe au nord de Bou Alem, de Taouiala, et près d'Aflou sur les plateaux. Les nombreuses sources, qui en sortent, se réunissent en ruisseaux d'eaux limpides, remplissent des cuvettes poissonneuses, se perdent dans de petits vallons de prairie, arrosent des terres fertiles mais non cultivées, et forment un ensemble pittoresque fort rare à rencontrer en Algérie, Ce sont les sources du Chélif, de l'oued Zergoun, et de l'oued Mzi.

Autrefois, des eaux torrentueuses ont dû remplir jusqu'au bord ces étroites vallées, Lorsqu'elles se sont écoulées, elles ont, dans leur course rapide, raviné leurs berges, de sorte que les assises supérieures des terrains, suspendues en toits à peu près horizontaux, et manquant de soutien, se sont effondrées

 
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