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et ont recouvert les flancs de la montagne d'immenses plaques
d'apparence schisteuse en forme d'écailles gigantesques 1.
Ce caractère est général dans le kef Guebli et dans le djebel
Touila. Le plongement des couches stratifiées est au sud, les
escarpes ou brisures sont au nord; mais, sur le versant
septentrional, des couches effondrées plongent au nord et parfois
paraissent verticalement fichées dans les alluvions de la vallée.
Le Djebel-Amour doit son nom à la tribu
des Amour, qui vivait dans ses vallées, mais qui a été presque
totalement rejetée du côté du Maroc. Les habitants actuels sont
de petits nomades ou des ksouriens, en grande partie d'origine
berbère, mais ne parlant d'ailleurs que l'arabe. Cette région est,
en outre, traversée par les migrations des Larbâa, des Trafi, de
quelques autres encore.
Le ksar principal est Taouiala;
c'est presque une ville; elle est entourée de hautes murailles,
avec portes ferrées, tours de flanquement, comme une fortification
du moyen âge. C'était jadis la résidence d'un chef puissant, dont
les exactions et les cruautés rappelaient également l'époque
féodale. Il avait une vaste habitation, solidement construite,
près d'une des portes de la ville, et un crochet de pendaison en
permanence près de l'entrée, témoignait des droits de haute et
basse justice qu'il s'était attribués.
Taouiala a subi plusieurs sièges de la
part des beys d'Oran. Elle commande la route principale du Sud par
l'oued Zergoun, au point de rencontre des chemins d'Aflou et de
Géryville ; c'était bien en effet une des positions maîtresses de
la région, et, au point de vue de l'occupation comme de la
surveillance, mieux placée qu'Aflou, qui est actuellement le centre
du commandement français du Djebel-Amour.
Aflou (1350m) est une annexe
administrative du cercle militaire de Tiaret, et non un poste
fortifié. La maison de commandement ressemble plutôt à une maison
agricole qu'à un
1 Voir
page 30, les figures 5 et 5 bis.
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établissement militaire; elle n'est en effet destinée qu'au
logement des officiers du bureau arabe et de quelques hommes de
service. Susceptible cependant de défense contre les Arabes, elle
n'est pas destinée à recevoir une garnison permanente. Autour, se
groupent quelques jardins et les maisons d'un petit ksar. La
population du cercle d'Aflou était d'environ 13,000 individus en
1883. Elle a été peu impressionnée par l'insurrection de 1881;
un très petit nombre de tentes ont fait défection.
Si l'on avait l'intention de surveiller les mouvements des
Sahariens, il faudrait se porter au delà du kef Guebli.
Les petites oasis d'el-Maïa, de Tadjerouna, sont leurs magasins
d'approvisionnement et commandent l'entrée des défilés de
l'ouest. Tadjerouna est l'œil du Djebel-Amour vers le Sud.
Les passages de l'est sont tenus par Aïn Madhi et Tadjemout qui
relèvent de Laghouat.
Aïn Madhi a une certaine importance; c'est la résidence du
marabout, chef de l'ordre des Tedjâna. On y maintient une petite
garnison. L'influence du marabout a souvent porté ombrage aux
chefs qui commandaient dans le Tell. En 1820, il résista au bey
d'Oran, qui ne put s'emparer d'Aïn Madhi. En 1838, Abd et-Kader
attaqua Aïn Madhi. Il s'en rendit maître après un siége de neuf
mois, et en fit raser les maisons. Elles ont été reconstruites
grâce aux libéralités des serviteurs religieux de l'ordre.
Les autres ksour ne méritent pas d'être mentionnés.
Le marché principal fréquenté par les gens du Djebel-Amour est
Tiaret. Chaque année, ils prennent part également à la caravane
du Gourara. Les laines sont une source de richesses pour ce pays.
On y fabrique des tapis estimés qui s'exportent dans le Tell comme
dans le Sahara, L'alfa est remarquable par sa vigueur; les
pâturages sont nombreux, les terres sont fertiles en bien des
endroits; le climat tempéré rappelle celui du centre de la
France. Aflou, à l'altitude de 1350 mètres, a une température
moyenne de 15 à 16 degrés, |
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