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Plus bas cependant, par P. S : il ne vous reste maintenant autre chose à faire qu'à frapper un grand coup sur les Mezaya et les Beni-Mimoun. Ils ne veulent pas accepter la paix et la tranquillité. Je vous le répète, frappez un grand coup ; c'est le seul moyen de les faire entrer sous votre domination et sous la nôtre. Dieu vous aidera dans cette entreprise, ainsi que nous. "

Plus tard, le chef kabaïle change de langage et déclare positivement son impuissance de crédit : " Toutes les tribus se sont soulevées contre moi à cause de vous, et m'ont dit : Comment ! vous avez pu avoir une entrevue avec le général et établir des conférences avec toi? Vous lui avez aussi promis d'ouvrir le marché ? Je leur ai répondu : Par Dieu très-haut, je lui ai donné ma parole ; et par le Tout-Puissant, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai promis, et j'établirai un marché chez eux, que vous y consentiez ou que vous n'y consentiez pas. Nous sommes, ai-je ajouté, des Kabaïles, et par conséquent gens de parole et d'honneur ; quand nous nous sommes engagés à faire une chose, il ne nous reste plus qu'à l'exécuter.

" Je pacifierai les tribus, elles retourneront sous mon autorité, et elles iront chez vous au marché. Elles se soumettront à mes ordres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

" Si vous voulez me donner de l'argent pour que je le distribue aux tribus, rendez-moi réponse par le porteur du présent, ou bien envoyez-moi vos soldats et vos cavaliers.
Envoyez-moi trois cafetières pour faire le café.
P. S. Envoyez-moi aussi une médecine pour les yeux.
P. S. Envoyez-moi une médecine pour fortifier.
P. S. Envoyez-moi du sucre, du papier et de la cire à cacheter les lettres ; car, lorsque je vous écris, je n'ai rien pour cacheter mes lettres. " . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

 

    

 

   

NOTE D.

 
Évènements militaires devant Bougie.
(Du 7 au 19 novembre 1835.)
 
La position de la Tour, improprement appelée le Moulin de Démous, se dessine à l'ouest de Bougie. Elle domine la petite plaine qui s'étend au pied de la place, et forme aussi l'entrée des montagnes de Mezaya. Ainsi, la tribu kabaïle de ce nom, la plus féroce et la plus hostile aux Français, pouvait se porter à la Tour sans obstacle et presque sans être aperçue, et de là épier tous nos mouvements, lire en quelque sorte dans l'intérieur de Bougie, et compter jusqu'aux arrivages par mer. La position de Démous, et sa tour, formaient donc le pivot des opérations des Kabaïles devant Bougie. C'était à la fois un point offensif et défensif, une vraie citadelle, une sorte de quartier-général des tribus. Élevé de 144 mètres au-dessus du niveau de la plaine, ce donjon du moyen-âge, naguère à vue sinistre, est à une demi-lieue de la ville en suivant les pentes de la montagne.

L'occupation du mamelon de Démous, et l'utilité d'un établissement à la Tour, avaient frappé tous les commandants-supérieurs qui s'étaient succédé dans Bougie. Différents motifs et une étude imparfaite du terrain , bientôt le défaut d'avenir et les projets d'abandon, et l'éventualité de cette conquête, avaient fait abandonner cette entreprise ou ajourner son exécution. En acceptant le commandement supérieur de Bougie aux conditions d'une garnison qui, longtemps forte de plus de 3,000 hommes, devait être réduite au chiffre de 1,200 baïonnettes valides et de 300 hommes d'armes spéciales, M. le lieutenant-colonel du 63e, de Larochette, nouvellement nommé, embrassa toutes les difficultés de sa position et s'occupa aussitôt de l'améliorer. Ainsi, enlever et occuper Démous, c'était ôter à l'instant aux Kabaïles leur centre d'opérations, et couper dès lors court à tout rassemblement hostile ou projet agressif. La garnison y gagnait 

 
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