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Plus tard, le chef kabaïle change de langage et déclare
positivement son impuissance de crédit : " Toutes les
tribus se sont soulevées contre moi à cause de vous, et
m'ont dit : Comment ! vous avez pu avoir une entrevue avec le
général et établir des conférences avec toi? Vous lui avez
aussi promis d'ouvrir le marché ? Je leur ai répondu : Par
Dieu très-haut, je lui ai donné ma parole ; et par le
Tout-Puissant, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai promis, et
j'établirai un marché chez eux, que vous y consentiez ou que
vous n'y consentiez pas. Nous sommes, ai-je ajouté, des
Kabaïles, et par conséquent gens de parole et d'honneur ;
quand nous nous sommes engagés à faire une chose, il ne nous
reste plus qu'à l'exécuter.
" Je pacifierai les tribus, elles retourneront sous
mon autorité, et elles iront chez vous au marché. Elles se
soumettront à mes ordres. . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . .
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NOTE D.
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Évènements militaires devant
Bougie. |
(Du 7 au 19 novembre 1835.) |
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La position de la Tour,
improprement appelée le Moulin de Démous, se dessine à
l'ouest de Bougie. Elle domine la petite plaine qui s'étend
au pied de la place, et forme aussi l'entrée des montagnes de
Mezaya. Ainsi, la tribu kabaïle de ce nom, la plus féroce et
la plus hostile aux Français, pouvait se porter à la Tour
sans obstacle et presque sans être aperçue, et de là épier
tous nos mouvements, lire en quelque sorte dans l'intérieur
de Bougie, et compter jusqu'aux arrivages par mer. La position
de Démous, et sa tour, formaient donc le pivot des
opérations des Kabaïles devant Bougie. C'était à la fois
un point offensif et défensif, une vraie citadelle, une sorte
de quartier-général des tribus. Élevé de 144 mètres
au-dessus du niveau de la plaine, ce donjon du moyen-âge,
naguère à vue sinistre, est à une demi-lieue de la ville en
suivant les pentes de la montagne.
L'occupation du mamelon de Démous, et l'utilité d'un
établissement à la Tour, avaient frappé tous les
commandants-supérieurs qui s'étaient succédé dans Bougie.
Différents motifs et une étude imparfaite du terrain ,
bientôt le défaut d'avenir et les projets d'abandon, et
l'éventualité de cette conquête, avaient fait abandonner
cette entreprise ou ajourner son exécution. En acceptant le
commandement supérieur de Bougie aux conditions d'une
garnison qui, longtemps forte de plus de 3,000 hommes, devait
être réduite au chiffre de 1,200 baïonnettes valides et de
300 hommes d'armes spéciales, M. le lieutenant-colonel du
63e, de Larochette, nouvellement nommé, embrassa toutes les
difficultés de sa position et s'occupa aussitôt de
l'améliorer. Ainsi, enlever et occuper Démous, c'était
ôter à l'instant aux Kabaïles leur centre d'opérations, et
couper dès lors court à tout rassemblement hostile ou projet
agressif. La garnison y gagnait
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