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dès le matin, et nos
avant-postes purent s'y établir à l'instant. Des obus
allèrent même fouiller celle de Tarmina qui lui fait face,
et ce village fut sous nos yeux abandonné par ses habitants
qui n'y sont plus rentrés depuis qu'en petit nombre. Notre
ligne acquérait dès lors plus de sûreté pour bien couvrir
les travaux. A la droite, au-dessus de Darnassar, nos
tirailleurs prêtaient secours, le long des pentes du Gouraya,
à ceux que l'officier qui commandait ce poste, élevé de 671
mètres, avait portés en avant, de rocher en rocher, de
position en position. La gauche, comme la veille, s'appuyait
à la plaine.
Autour de l'oasis de ce nom eut lieu, vers 10 heures, une
nouvelle et brillante charge. 80 cavaliers d'Oulid-Rabah
étaient deux fois attaqués et culbutés par nos 58
chasseurs. Dans la mêlée qui fut vive et prolongée, le
scheick des Arabes, le marabout Amezayen, est blessé de deux
coups de sabre par le sous-lieutenant de Vernon qui,
lui-même, reçoit de celui-ci un coup de crosse de fusil sur
la tête. Les Arabes se retirent en désordre sur leur
infanterie derrière un ravin suspect qui les met à l'abri.
Ils ont dû avoir 4 hommes tués et au moins 20 blessés.
Cette brillante opération, soutenue par 50 hommes du 13e et
un obusier de montagne le fut aussi, ainsi que la rencontre de
la veille, par le canon du brick de l'État le Liamone
(capitaine Segrellier), embossé dans les brisants, dont les
boulets de 18 sillonnaient au loin la plaine.
Le succès des deux journées précédentes rendit celle du
9 très calme. La position de la veille fut occupée sans
obstacle, et les travaux à Démons poussés avec le même
ordre et la même activité. Déjà les fronts du fort
destiné à entourer l'ancienne tour, lequel devait bientôt
prendre le nom du fort Clauzel, se dessinait sur le sol, et
laissait prévoir la forme et l'importance future de
l'ouvrage.
Une reconnaissance poussée à la gauche en avant
de l'oasis, au pied du col en face, faillit coûter cher à la
garnison. Le commandant-supérieur et quelques officiers qui
l'accompagnaient s'étant rapprochés de la rivière Summam,
une décharge fut faite
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à bonne distance de l'autre rive. Le
colonel Larochette fut seul atteint d'une balle au bas des
reins, mais sa blessure heureusement se trouva légère.
La coalition s'était formée : trois jours sont le délai
ordinaire. Les Mezaya occupaient Darnassar le 10 au matin. Il
fut question de les en déloger sur-le-champ. Le chef de
bataillon du 2e léger d'Afrique (M. Salomon de Musis) et le
commandant de l'artillerie (le chef d'escadron Lapène) se
concertèrent pour cet objet. L'opération fut brillamment
exécutive par le capitaine Davière avec la 5e compagnie des
zouaves, et le détachement du sous-lieutenant Lelièvre, du
2e bataillon léger, soutenu par les réserves de ce
bataillon. Notre brave infanterie se précipite sur le village
de Darnassar, baïonnette croisée ; l'ennemi en est chassé ;
les obus accélèrent sa retraite. Ces projectiles pour
suivent les Kabaïles sur tous les points de la crête des
hauteurs où ils essaient de paraître et de se prolonger. La
position nous reste, chose remarquable, sans aucune perte, et
la ligne, ainsi balayée, est immédiatement occupée comme la
veille.
Les avant-postes restent calmes jusqu'à dix heures.
Tout-à-coup les Mezaya sont aperçus débouchant de Tarmina,
tandis que des cavaliers et de l'infanterie descendent du col
en face de l'oasis, et , gagnant le marabout du marché à
l'extrémité de la plaine, se répandent dans celle-ci vers
la gauche de nos positions. Le capitaine Davière reçoit
ordre de se porter sur cette gauche en observation ; un
obusier de montagne y est pareillement dirigé. Cet officier
ne devait point s'engager, mais attendre le moment opportun.
Par le même ordre, une seconde colonne formée du bataillon
du 13e, des 58 chasseurs et d'un obusier, en tout 250 hommes
aux ordres du commandant Sanson du 13e, part de la ville et
gagne l'oasis. Celui-ci devait, suivant l'occasion, observer,
tourner ou attaquer les Kabaïles s'il se portaient sur les
zouaves, en calculant bien la distance que la position ne rend
pas moindre de 1,800 mètres entre ces derniers et l'oasis.
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