Ainsi, non seulement Amzian
viendra au rendez-vous, mais il le provoque ; il confie la
dépêche à l'émissaire Béchir et insiste fortement pour
une prompte réponse.
Le commandant Salomon était très-souffrant le 2, quand il
reçut cette lettre ; il ne peut y répondre ni ce jour, ni
les jours suivants. Le 4, il n'est guère en meilleure
disposition.
(Suit le récit que nous avons donné dans le corps de
l'ouvrage.)
L'émissaire Béchir était accusé hautement d'avoir
conduit le commandant au fatal rendez-vous. On voulait le tuer
à l'instant même ; le capitaine de place Peyssard, et
immédiatement le commandant Lapène, s'interposent. Un nouvel
assassinat est prévenu ; fléchir, arraché aux soldats et
déposé au corps-de-garde de la porte Fouka, passait une
demi-heure après dans une prison plus sûre. L'agitation et
la fureur de la garnison allaient croissant ; la population
arabe indigène et celle du dehors , que le génie employait
pour ses travaux, étaient fort exposées ; il n'était
question de rien moins que de l'exterminer. On dut avant tout
s'occuper de la préserver de la fureur des troupes. Les
Bougiotes, proprement dits, furent consignés et gardés dans
leurs demeures : les étrangers, au nombre de trente-neuf,
plus suspects, étaient réunis et placés en sûreté au fort
Abd-el-Kader.
Cette mesure calma la fureur de la garnison et lui enleva
en même temps un aliment pour l'exercer. Les chefs de service
et de corps entourèrent immédiatement le nouveau
commandant-supérieur, lui accordèrent une confiance, un
concours éclairé, et l'aidèrent de leurs sages conseils. La
garde nationale, sur l'invitation de M. Garreau, commissaire
du roi, ne fut pas en reste de zèle et d'activité.
L'autorité supérieure militaire dut être sur pied toute la
nuit ; l'agitation se calmait peu à peu ; des patrouilles de
la garnison et de la garde civique se croisaient dans tous les
sens, dissipaient les attroupements sans violence : le calme
devint bientôt complet et la nuit fut tranquille.
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