Tu es notre sultan, guide-nous,
Et l'écrit de Dieu s'accomplira.
Il leur lut le fatah
Et leur recommanda de faire selon le bien.
Les Chigrs, bien vêtus, vinrent alors lui baiser les
mains,
Les kaïds arabes les suivirent,
Ainsi que les grands respectés des tribus.
Les savants des savants,
Les marabouts, les chérifs des chérifs,
Enfin tous ceux de la fête.
Ils s'étaient levés, avaient monté des chevaux de guerre,
Qui sans ailes s'élèvent aux nues,
Avec des selles brodées en or.
Leurs esclaves portaient des armes à fourreaux d'argent,
Et la terre se couvrit d'ombres au bruit des coups de feu.
Chacun faisant luire des éclairs échappés de lui ;
Les cavaliers défilèrent les uns derrière les autres
Comme des flots qui se suivent.
Les canons grondaient dans les flammes,
Les rangées de soldats semblaient une averse de pluie,
Bien coordonnés, bien alignés, bien équipés ;
Le spectateur ébloui oublie les auteurs de ses jours.
Partout les indices d'un ordre nouveau se manifestent
Au milieu de celle allégresse universelle.
Notre seigneur dominait l'assemblée
Sur un cheval rouge, teint avec la cire d'Espagne.
Les tresses de ses crins balayaient la terre ;
Sellé d'une selle toute brodée d'or ;
De superbes étendards flottaient sur sa tête ;
Partout des tambours, des zarnadjyas (1) étincelant d'argent.
Là il passa la nuit, et ses troupes reçurent la difa
somptueuse,
Suivie de prières et d'invocations.
Après la prière du matin et les ablutions
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