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Un chef de ligne, un khodja intelligent ;
La troupe obéit à leurs ordres.
Comme les lions sur des moutons,
Ils se précipitent sur l'ennemi,
Ils mettent leur confiance en Dieu qui aide ;
Lorsqu'ils forment le carré,
On dirait une ville aux remparts bien garnis de canons.
Ils font des éclairs, des feux s'allument,
Et il en descend des foudres avec le bruit du tonnerre ;
Les nuages sont jaloux de cette fumée,
Ce sont des vapeurs incessantes qui se succèdent,
Ce sont des averses de feu ;
Ne dites pas qu'ils manquent l'ennemi, ils le broient ;
Le sol roule des rivières de sang,
Et c'est pour la gloire des croyants, car celui qu'ils aiment triomphe.
Derrière les troupes des masses de cavaliers,
Montés sur des chevaux qui volent sans ailes,
Et si richement vêtus que tous sont également beaux ;
Ils sont armés d'armes riches et bien trempées.
D'autres les devancent, qui se précipitent à la charge ;
La terre plie sous eux, ils massacrent ceux qui fuient.
Dévoués tous à la guerre sainte, pour la religion de Dieu :
Ambitieux, tous, des palais du paradis,
Combien de fois n'ont-ils pas altéré les chrétiens !
Pour combien de batailles ils répondent : nous les avons vaincus.
Avec eux sont des Kabyles, des Arabes,
Qui ont vendu leurs âmes à Dieu.
Ils ne font qu'un, serrés dans les rangs.
Leur troupe s'est formée des plus braves,
Le choix en a été longtemps médité.
Quel puissant n'ont-ils pas écrasé !
Ils ont vaincu les rois de Perse, de l'Asie, de l'Yémen,
Du pays des Turcs et du Gharb ;
Ils ont même conquis l'Inde et le pays des Soudans ;
Les Arabes d'Égypte, les Perses, par le prophète, ils les ont punis
Ils ont détruit l'idolâtrie, ils ont fait brider la religion.
    

 

   
Tout cela n'est point caché, on l'a vu, on le sait.
Il y a longtemps de cela ; nos chefs, depuis, se sont endormis ;
Mais dans le sommeil, les hommes n'oublient pas ce qu'ils ont su.

Vint le chériff, le maître des maîtres ;
II alla de l'ouest à l'est ; avant, on ne l'avait pas fait ;
Puis il pénétra dans le sud. Dans tout ce pays,
Pas un homme aussi sage, aussi courageux que lui.
Sa beauté, sa grâce, sont comme la lumière qui brille dans les yeux.
Sa modestie, sa vertu, font qu'on le suit ;
Réveillez-vous et contemplez-le, vous qui vous laissez aller au sommeil
Il a tiré de leur léthargie ceux qui ont entendu parler de lui,
Et les Arabes Djouads sont venus à son appel ;
Ainsi que les Arabes du Teull, les Kabyles l'ont aimé.
Espérons qu'avec toi nous soumettrons tout pays,
Que du nôtre nous chasserons l'infidèle.
Tout est prêt pour le Djehad.
Avec des armées puissantes, nous te suivrons ;
Avec de la cavalerie et des canons qui ruinent ;
Avec des bombes, nous l'aiderons en toute chose ;
Car notre appui est en Dieu, qui dissipe le mal.
Nous repasserons la mer avec des barques
Et nous prendrons notre revanche.
Au milieu de nous sera celui qui porte le nom du saint de Bagdad (1)
Nous battrons l'infidèle, nous habiterons son pays ;
Il convoquera les siens.
II enverra l'aman aux insoumis ;
Ils lui conduiront des gadas ; disant : Seigneurs des Seigneurs,
Nous t'apportons la soumission.
Il leur donnera le burnous, les fera chefs dans chaque pays.

 

(1) Sidi Abd-el-Kader, dont le tombeau est à Bagdad. C'est le marabout qui influa particulièrement sur la destinée de l'émir.

 
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