MONSIEUR LE MARÉCHAL,
J'ai eu l'honneur de vous dire que le convoi et le goum
arabes avaient enfin franchi l'Oued-el-Neça, et m'avaient
rejoint le 11 au matin. Pour ne pas perdre de temps, j'avais
fait transporter son chargement par mes mulets, sur les
hauteurs où j'étais campé en avant de Dellys.
Dans l'après-midi, un gros rassemblement kabyle vint se
former en vue de mon camp, au sud, à environ deux lieues ; le
défilé au travers des montagnes de l'est dura plusieurs
heures. Le soir nous vîmes s'allumer les feux d'un vaste camp
; dès lors je soupçonnai à l'ennemi l'intention de
m'attaquer quand je repasserais la rivière ; et si je n'avais
eu hâté de porter mon convoi à Bordj-el-Menaïel pour
commencer mes opérations avec toute la colonne, j'aurais
marché directement à l'ennemi dans la matinée du 12. D'un
autre côté, je n'étais pas fâché de me faire attaquer et
de faire descendre cette grosse masse, de points élevés où
elle était, sur les pentes inférieures, près de la
rivière. Il était possible qu'elle y fût attirée par
l'espoir d'enlever mon convoi. Je me décidai donc à me
diriger sur le gué par lequel j'avais passé le 7. En
arrivant, j'aperçus les cavaliers de l'ennemi qui s'y
dirigeaient par une longue arête.
Je fis bien vite passer le convoi, et je l'envoyai sur une
butte de |