Le temps d'arrêt des troupes qui
étaient avec moi fut pris par les Kabyles pour de
l'hésitation ; ils jugèrent que nous allions nous re tirer,
et, de tous côtés, ils se rallièrent pour nous harceler,
pendant que nous descendrions des longues pentes qui
conduisent à la plaine.
Ce retard donnait à l'ennemi de l'audace : il s'avançait
sur les pentes de la position que j'occupais ; je crus le
moment venu de lancer les troupes. Les Kabyles furent si
vivement refoulés qu'ils ne purent pas même s'arrêter sur
les belles positions qui étaient en arrière d'eux, et ils
prirent la fuite jusques dans les versants opposés.
Croyant les avoir suffisamment dégoûtés du combat, et
ayant le projet de revenir camper en arrière, prés d'une
belle fontaine, je ne voulus pas les poursuivre plus loin ;
mais, dès que je commençai ma retraite, ils reprirent
l'offensive ; cependant, comme ils n'étaient pas nombreux sur
la queue de ma colonne, je continuai mon mouvement et
j'atteignis la position que je voulais occuper
définitivement.
Dès le matin, j'avais résolu de ne plus abandonner ces
crêtes avant d'avoir fait beaucoup de mal aux Flissas,
pendant plusieurs jours, en y appelant toutes mes forces. Je
m'en étais emparé avec trop de bonheur pour m'exposer à des
pertes considérables, en voulant les reprendre une seconde
fois.
J'espérais pouvoir donner ensuite du repos à mes soldats
dans le bivouac que j'avais choisi, mais les Kabyles en
avaient décidé autrement.
Ceux que j'avais poursuivis revenaient à la charge avec
d'autant plus d'ardeur qu'ils voyaient arriver, par mon flanc
gauche, un gros contingent des pentes nord du Jurjura : on
n'évalue pas ce renfort à moins de 3,000 hommes. Il se
réunit, tout près de ma
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