tout cela s'y reflète comme dans
un miroir; et l'on serait tenté de dire, avec l'écrivain
allemand : une nation est l'ensemble des hommes qui parlent
la même langue.
Cette unité de langage existe, elle établit la parenté
la plus certaine entre toutes les tribus kabyles non seulement
de l'Algérie, mais de la côte barbaresque, et cela seul
suffirait pour vider sans retour la question des origines. Des
tribus parlent exclusivement arabe, par conséquent elles
viennent d'Arabie. D'autres conservent un idiome différent,
celui, sans aucun doute, qui régnait dans le pays avant
l'invasion. De qui le tiendraient-elles, sinon de leurs
ancêtres?
Les Kabyles dérivent donc d'un seul et même peuple,
autrefois compact, autrefois dominateur du pays entier; mais,
plus tard, refoulé dans les montagnes, circonscrit par des
conquérants qui s'approprièrent les plaines, et morcelé de
la sorte en grandes fractions devenues à la longue
presqu'étrangères l'une à l'autre.
Depuis ce moment, la langue aborigène qu'on nomme berberïa
: berbère, ou kebailia : kabyle, dut subir, en chaque
point, des altérations diverses, par suite du contact plus ou
moins immédiat, plus ou moins fréquent des Arabes, et par
l'absorption variable des premiers conquérants européens. Il
en est résulté plusieurs dialectes que voici :
- Le Zenatia : il existe chez les tribus kabyles
qui, remontant vers l'ouest, s'étendent depuis Alger
jusqu'à notre frontière du Maroc.
- Le Chellahya : c'est celui dont se servent
presque tous les Kabyles du Maroc.
- Le Chaouiah : il appartient à toutes les tribus
kabyles qui se sont mêlées aux Arabes, et, comme eux,
vivent sous la tente, entretiennent de nombreux troupeaux.
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