sens, Abd-el-Kader, afin de le
compromettre à nos yeux, lui avait envoyé de suite un cachet
et un burnous d'investiture. Après tout, sa conduite annonça
la tranquillité d'une bonne conscience, ou fut un chef-d'œuvre
d'audace ; car il vint se remettre entre nos mains sans
explication préalable. On le vit tout-à-coup dans Alger,
lorsqu'on le supposait encore avec Abd-el-Kader.
Cependant la razzia de Cherrak-el-Teboul, liquidée par les
soins de l'administration, avait produit 44,000 francs. On
préleva ce qu'il fallut pour indemniser les lssers des pertes
qu'ils avaient éprouvées. Cette répartition, opérée en
présence du caïd et des cheikhs, produisit le plus grand
effet sur les tribus kabyles. Le sentiment de la tutèle
gouvernementale poussé si loin, les frappa d'étonnement et
d'admiration.
Moralement, matériellement, l'émir était anéanti. Le
corps du colonel Pélissier venait d'entrer encore sur le
théâtre des opérations. Le 7 mars, dans l'Isser central, le
Gouverneur était entré en communication avec lui. Le 11, un
mouvement combiné s'opérait vers Hamza contre Abd-el-Kader,
qu'on avait su réfugié chez les Beni-Yala. Mais n'y trouvant
aucun appui, réduit aux derniers expédients, environné de
nos colonnes, cet homme infatigable s'était précipité dans
la direction du sud, au risque de tomber sur un des corps qui
devaient lui barrer le passage.
Effectivement la rencontre eut lieu. On apprit tout à-coup
que le 7 mars, tandis qu'il achevait de piller au passage une
de nos tribus alliées, le colonel Camou l'avait joint par une
marche forcée, l'avait mis en pleine déroute et l'avait
poursuivi plusieurs lieues le sabre dans les reins.
Le Gouverneur fit, quelques jours après, une entrée
solennelle dans les murs d'Alger, en tête de la colonne du
général d'Arbouville. Ce fut un spectacle émouvant. Depuis
six mois, ces
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