Ainsi deux influences opposées
étaient venues tour à tour s'étendre sur la Grande Kabylie,
sans en dépasser toutefois les revers occidentaux. Celle d'Abd-el-Kader,
au nom de la foi, par un habile mélange de violence et de
mensonge, celle des Français, au nom de l'ordre, par le seul
emploi de la droiture et de la force, y avaient successivement
dominé. Bien plus, on avait vu les deux pouvoirs
compétiteurs se heurter à la fin dans cette étroite arène,
et l'un d'eux y laisser en fuyant ses dépouilles et son
prestige : l'épreuve suffisait pour fixer le destin de la
Grande Kabylie.
Aussi, non seulement un calme profond commença dès lors
à régner dans les portions déjà soumises, mais une
tendance favorable à notre cause se manifesta dans les
autres. Quelques rapports commerciaux s'établirent entre
Bougie, Sétif et des tribus de l'intérieur ; insensiblement
ils s'accrurent et nécessitèrent une certaine entente sur
des règlements de police, d'ordre public et de protectorat.
Au commencement de l'année 1847, des démarches
simultanées eurent lieu près des commandants supérieurs de
Sétif et de Bougie. Le dernier vit enfin s'ouvrir, sous sa
protection, aux pieds |