d'oreilles, des plaques d'argent
ciselé, des ceintures brodées d'or, etc. D'autres, plus
grotesques, le fusil en bandoulière, n'ont pas assez de leurs
deux mains et de leurs deux bras pour étreindre des
chevreaux, des moutons, des volailles qui se débattent,
bêlent et crient, accompagnés des imprécations de leurs
ravisseurs.
Cependant on recueille comme témoignage de l'industrie des
habitants, plusieurs instruments qui servaient à la
fabrication de l'huile ou à celle des armes. Azrou est
renommé fort au loin pour la belle confection de ses platines
qui se vendent jusqu'à Tunis. Plusieurs sont remises au
Gouverneur, quelques-unes inachevées, quelques-unes aussi
d'une trempe, d'un poli, d'une netteté d'arête, d'une
élégance de ciselures bien supérieurs à l'idée la plus
favorable qu'on aurait pu s'en faire.
On s'informe le plus tôt possible des pertes éprouvées
dans cette brillante attaque. Elles ne se montent qu'à
quarante-sept hommes de tout grade hors de combat, sur
lesquels huit ou dix blessés mortellement ou déjà morts.
Rien ne prouve mieux combien l'on épargne de sang à mener
les affaires avec une extrême énergie.
Le lendemain, avant trois heures de l'après-midi, tous les
chefs des Beni-Abbas étaient rendus devant la tente du
Gouverneur, et les conditions de l'aman leur étaient
dictées.
On fixait leur impôt annuel à 50,000 fr. ; on leur
enjoignit d'obéir dorénavant à notre khalifa Mokrani. Le
chef qui s'était présenté, la veille, répondit simplement
:
" Nous sommes vaincus. Nous exécuterons toutes tes
volontés. " Puis, se tournant avec une fierté sauvage
vers le vieux Mokrani :
" Nous lui obéirons, ajouta-t-il, non à cause de
lui, mais à cause de toi. C'est toi seul qui nous a vaincus ;
lui, sans cela, ne nous
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