les gens du village de Chellata
viennent prendre les pains, ils les font cuire et en
conservent un sur cinq en paiement de leur travail.
La zaouïa de Sidi-ben-Ali-Chérif joint à un casuel
énorme de belles propriétés foncières ; elles lui viennent
de son fondateur et de plusieurs donations pieuses, dont la
plus importante a été celle d'un marabout fameux,
Sidi-Hamed-ou-Msaoud, mort sans postérité. La mission
d'aller recueillir les dons des fidèles est confiée à des
hommes sûrs ; continuellement il y en a sur pied. Leurs
circonscriptions de tournées sont au nombre de cinq : les
Zouaouas, les environs de Bougie, la Medjana, le Ferdjioua et
le Ziban. Ces envoyés-quêteurs emportent avec eux, comme
pièce de créance, soit le bâton, soit le chapelet, soit une
lettre du marabout. Grâce à ce talisman, ils reçoivent
partout un excellent accueil et sont hautement protégés des
chefs dont ils traversent le pays.
Il convient d'ajouter que, pour se rendre ces derniers
favorables, le chef de la zaouïa leur fait tenir, à
certaines époques, des présents connus sous le nom de baraket
el cheikh, la bénédiction du cheikh. Ce sont des oeufs
ou des plumes d'autruche, des autruches, des gazelles, des
peaux de lion et de tigre, des mules ou mulets, etc.
La demeure du chef suprême est mystérieuse et vénérée
comme un sanctuaire. Deux enfants qui n'ont point encore
jeûné, se tiennent sans cesse à la porte et arrêtent les
indiscrets. Auprès du seuil pend une chaîne de fer ; celui
qui veut communiquer avec le personnage saint, agite cette
chaîne et reçoit alors une réponse.
Si-Mohammed-Said, chef actuel de la zaouïa de Sidi-ben-Ali-Chérif
et des quatre tribus qui la desservent, est un jeune homme de
vingt-cinq ans ; ses traits sont beaux et calmes ; ses
manières sont nobles, distinguées ; ses paroles empreintes
d'une
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